Les pratiques de design critiques peuvent être des outils efficaces de résistance

Traces de contestations est désormais exposée dans nos vitrines. Photographie de Matthieu Brouillard © CCA

Les architectes lancent un appel...

Lisa Belabed et Auden Young Tura sur l’activisme dans l’architecture

La pratique de l’architecture n’est pas seulement une question d’esthétique ou de forme. La responsabilité sociale implique de construire vers l’émancipation, et, plutôt que de l’activisme, la réflexivité politique des architectes influencent leur compréhension et leur pratique de cette discipline.

L’architecture, en tant qu’instrument étatique qui incarne et perpétue les aspirations politiques d’une époque constitue une discipline clé par laquelle le changement peut s’opérer. Elle peut être utilisée comme un moyen de contrôle social et un outil pour renforcer les programmes gouvernementaux, mais aussi comme un moyen de changement. La question de savoir si les architectes collaborent avec des gouvernements et des institutions qui instiguent et soutiennent la violence d’état a été, et reste, une question importante pour la profession.

Une sélection de documents d’archives, incluse dans Traces de contestations, illustre les approches passées de la défense et de l’organisation de l’architecture. L’activisme de groupes tels que Architects/Designers/Planners for Social Responsibility et UK Architects Against Apartheid a inspiré des débats professionnels majeurs et a finalement conduit à des changements systémiques dans la discipline. Les efforts collectifs des architectes, des étudiants et des éducateurs du passé se poursuivent dans les résistances aux problèmes systémiques qui persistent aujourd’hui.

Architects/Designers/Planners for Social Responsibility

Affiche des Architects for Social Responsibility, 1983 © ADPSR

Architects, Designers and Planners for Social Responsibility (ADPSR) est une association internationale née dans les années 1980, pour prôner le désarmement nucléaire. Leurs actions exemplifient comment des designers ont utilisé leur influence pour combattre le militarisme et éveiller la conscience du public. Par des moyens variés, tels que des expositions et des concours de design, ils ont réagi aux tensions militaires de l’époque et positionné le design comme la discipline par laquelle la politique se manifeste.

Dans une affiche de 1983, qui représente une bombe atomique avec en premier plan une grille d’icônes architecturales, l’ADPSR illustre la menace que la prolifération nucléaire fait peser sur le patrimoine architectural mondial et frappe par sa force visuelle, qui est typique des moyens de communication de l’association.

De même, un prospectus de concours n évoque la réponse du groupe local d’ADPSR dans le nord de la Californie à un plan de protection civile de 1986, qui proposait la construction d’un abri antinucléaire réservé aux représentants gouvernementaux. Cette compétition avait pour but de mettreen lumière le paradoxe de la notion de survie nucléaire, démontrant ainsi comment les pratiques de design critiques peuvent être des outils efficaces de résistance.

UK Architects Against Apartheid

Tract pour la réunion inaugurale de l’UKAAA (United Kingdom Architects Against Apartheid), 1986. DR2006:0105:010. Fonds Cedric Price, CCA. © Architectural Association Inc.

Flyer pour la « Conférence annuelle du Comité Anti-Apartheid de Londres », 1987. DR2006:0105:005. Cedric Price Fonds, CCA.

UK Architects Against Apartheid (UKAAA) s’employait à rompre les liens institutionnels entretenus par des organisations qui collaboraient avec le régime sud-africain de l’apartheid. À la suite de tentatives d’étudiants de rompre les liens architecturaux entretenus par le Royaume-Uni avec l’Afrique du Sud, le groupe a été fondé afin de “coopérer avec le mouvement anti-apartheid et aider les organisations sud-africaines dans leur lutte pour l’élimination de l’apartheid.”

Un article paru dans Building Design, qui relate la réunion inaugurale de septembre 1986, souligne le soutien du groupe au boycott des matériaux de construction importés d’Afrique du Sud et son action de lobbying auprès du Royal Institute of British Architects (RIBA) et de l’Architects’ Registration Council of the United Kingdom (Arcuk, aujourd’hui Architects Registration Board). Dans un appel à l’action, la réunion a rassemblé des architectes locaux et des membres du Conseil de la RIBA, ainsi que « Denis Goldberg, un membre du Congrès national africain (ANC) qui a passé 23 ans dans une prison sud-africaine et Mike Terry du mouvement anti-apartheid ». Cedric Price, qui a pris la parole au cours de la réunion, a déclaré : « Nous devons faire comprendre à ceux qui pratiquent encore l’architecture en Afrique du Sud qu’ils sont en train de devenir des lépreux professionnels, et que la lèpre éthique est très lente à guérir ».

En Afrique du Sud, le rôle des architectes dans le système d’apartheid a suscité un débat professionnel considérable sur l’étendue de leur contribution et de leur opposition. L’UKAAA a soutenu les architectes et les étudiants sud-africains qui ont refusé de coopérer au réaménagement des zones rasées par le gouvernement et a demandé à l’Institut des architectes sud-africains (ISAA) de s’engager à ne pas travailler pour le gouvernement.

Les procès-verbaux de réunions et les coupures de presse conservés par Price et trouvés dans le fonds Cedric Price montrent que l’UKAAA a participé à l’organisation locale aux côtés des syndicats, des groupes politiques et religieux, se réunissant régulièrement à Londres et restant active jusqu’à l’abolition de l’apartheid. Ils ont notamment intimédes organismes tels que le RIBA à cesser de reconnaître les écoles d’architecture sud-africaines. Le groupe a également persuadé le RIBA de financer une formation en architecture pour les réfugiés sud-africains en Tanzanie.

En outre, les documents révèlent les défis auxquels le groupe était confronté, comme l’a écrit le secrétaire de l’UKAAA dans une lettre adressée à un membre sortant du comité : « nous travaillons dans une profession qui doit être l’une des plus réactionnaires dans son organisation, dans la manière dont les architectes travaillent ensemble et dans son rôle dans l’industrie de la construction, et qui refuse souvent d’admettre tout contenu politique dans son rôle au sein de la société ».

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