Éloge de l'immobilité
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Dans ce monde qui semble soumis à une accélération constante, où l'on ne cesse de louer la marche ou la course, nous souhaitons et craignons à la fois que tout ralentisse ou même que tout s'arrête. L'ambivalence de ce désir reste à étudier, comme ce que signifie aujourd'hui le fait de ne pas bouger. La privation de mouvement est une peine ; le droit pénal, les disciplines(...)
Éloge de l'immobilité
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Dans ce monde qui semble soumis à une accélération constante, où l'on ne cesse de louer la marche ou la course, nous souhaitons et craignons à la fois que tout ralentisse ou même que tout s'arrête. L'ambivalence de ce désir reste à étudier, comme ce que signifie aujourd'hui le fait de ne pas bouger. La privation de mouvement est une peine ; le droit pénal, les disciplines scolaires ou militaires immobilisent ; les accidents et les maladies paralysent ; l'accélération technique se paye en inertie dans les embouteillages ou les bureaux. Les éloges de la mobilité comme la critique de l'accélération sont passés à côté de ces situations où l'immobilité s'impose, non sans violence. Il faut redonner son sens à l'immobilisation. Car cette peine est aussi une étape, une station, impliquant le corps et la pensée. Tenir, debout, assis, dans la position du lotus ou même couché, c'est exercer sur soi une contrainte signifiante. Les "mouvements" d'occupation des places nous le rappellent, l'art également.
Critical Theory
Le grand Paris est un roman
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«Le projet tout autour de Paris : comment regarder autrement, ne pas se résigner. La grande capitale est malmenée par les écarts entre les mondes inscrits dans son territoire. Paris mille fois écrite, merveilleusement. Alors, ouvrir les frontières, tout autour de Paris, rêver à un vaste chantier, oui, aller se promener tout autour, oublier qu'il existe un périphérique au(...)
Le grand Paris est un roman
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«Le projet tout autour de Paris : comment regarder autrement, ne pas se résigner. La grande capitale est malmenée par les écarts entre les mondes inscrits dans son territoire. Paris mille fois écrite, merveilleusement. Alors, ouvrir les frontières, tout autour de Paris, rêver à un vaste chantier, oui, aller se promener tout autour, oublier qu'il existe un périphérique au tracé symbolique de la séparation. C'est une invitation au voyage, tout près, pas si loin, presque proche, toucher du doigt. C'est un projet en mouvement, lent, compliqué, comment écrire ce qui nous entoure, nous perce le coeur, nous révolte, et puis nous ravit aussi. Côtoyer les mondes différents comme dans les faubourgs, rêver d'une extension des faubourgs, marcher, prendre un vélo, découvrir, se donner rendez-vous, aller au théâtre, au concert, au cinéma, aller manger, habiter, aller et venir, ici et là-bas... Faire tomber les murs.» Avec des photographies de Chris marker, des textes de Béatrice Castoriano, François Bon, Grand Corps malade, Roland Castro, Jean-Pierre Le Dantec et plusieurs autres.
History since 1900, Reference Books
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« Je proviens d’une longue lignée de femmes-repas. Dès la petite enfance, mon appétence m’a fait remarquer. Ma grand-mère et ma tante m’offrent tout ce que j’aime au petit-déjeuner. «Mange, Annie, mange!» somment-elles, sincèrement ravies et impressionnées par la quantité de nourriture que je peux avaler. Je n’ai jamais su dire «non». ~ Fière de manger « comme un homme(...)
Annie Descôteaux : Ad nauseam
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« Je proviens d’une longue lignée de femmes-repas. Dès la petite enfance, mon appétence m’a fait remarquer. Ma grand-mère et ma tante m’offrent tout ce que j’aime au petit-déjeuner. «Mange, Annie, mange!» somment-elles, sincèrement ravies et impressionnées par la quantité de nourriture que je peux avaler. Je n’ai jamais su dire «non». ~ Fière de manger « comme un homme », je m’interroge : la ripaille serait-elle réservée aux chasseurs et aux chefs cuisiniers désirant faire montre de leur virilité, laissant les troubles alimentaires, et donc les maladies mentales, aux femmes ? ~ Si le fait de manger est d’abord une fonction biologique, quand et pourquoi la gourmandise intervient-elle ? Est-ce donc le symptôme d’une nature ardente, d’une sensualité débridée qui n’a trouvé aucun autre vecteur : un onanisme de l’estomac? Ou plutôt la peur ancestrale du manque et de la famine, évoquée par ma mère, élevée dans les faubourgs populaires de Saint-Henri? Est-ce une conséquence de la tristesse inconsolable d’exister? Dégoûtée à l’avance de ce corps dont je renie la matière, j’ai développé une tendance à m’abîmer dans l’excès… ~ L’équilibre entre la réplétion et la culpabilité qui s’ensuit se négocie mal. Le corps s’est emballé, a réclamé sa part de jouissances et de sensations fortes. Lorsqu’il se sera reposé, il demandera à recommencer parce qu’il s’ennuie. Entre la bombance et la salade étuvée, la beuverie et l’eau minérale, je choisis indéniablement le plat de résistance et la bouteille de vin. Ad nauseam!»