En avril 2021, le CCA a formé un Groupe de travail interne sur la reconnaissance territoriale. Le groupe est composé de membres du personnel de divers horizons, bien que tous se reconnaissent comme descendants de colonisateurs ou arrivants. Il s’est engagé dans l’étude du site physique du CCA, de ses liens plus vastes en matière de dépossession des terres dans ce que nous nommons aujourd’hui Montréal et le Québec, ainsi que de l’histoire de l’établissement, afin de mieux comprendre notre position comme institution coloniale qui se consacre à la recherche sur l’architecture.

La raison d’être de ce groupe est de faciliter le long périple du CCA visant à favoriser des relations positives avec les peuples autochtones et d’autres communautés de Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal. La création d’une reconnaissance territoriale vivante est la première étape de ce processus. Elle comprend les deux initiatives suivantes.

La première est la création, en collaboration avec des membres de la Nation kanien’kehá:ka, d’une déclaration approfondie et à long terme de reconnaissance territoriale. L’objectif est de faire de cette déclaration un élément actif de la mission institutionnelle du CCA et de s’en servir pour faciliter l’accès de l’établissement aux membres des communautés autochtones.

La deuxième porte sur la constitution d’une bourse de recherche biennale pour les chercheurs autochtones travaillant sur la restitution des terres dans Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal, qui alimentera et fera vivre le processus de reconnaissance territoriale. La première boursière de recherche été Ange Loft, artiste de performance multidisciplinaire originaire du territoire kanien’kehá:ka de Kahnawà:ke qui œuvre à Tsi Tkarón:to (Toronto). Vous pouvez lire et écouter ici son texte initial. Une installation par Ange Loft est présentement en vue jusqu’en septembre 2024. Le CCA a sélectionné l’artiste multidisciplinaire haudenosaunee Iako’tsi:rareh Amanda Lickers pour la bourse de recherche et de création sur la restitution des terres pour 2023-2025.

En parallèle à ce processus, le CCA a inauguré d’autres engagements et projets à long terme qui ont comme objectifs de fournir un soutien et des ressources aux communautés et aux chercheurs autochtones pour étudier l’environnement bâti, et de remodeler notre propre compréhension du travail que nous faisons en tant qu’institution coloniale cherchant à repousser les limites de la pensée architecturale.

Parmi ces projets et chantiers, notons (en ordre chronologique, allant vers l’avenir) :

2020–2022: la conception de ᐊᖏᕐᕋᒧᑦ / Ruovttu Guvlui / Vers chez soi, une exposition et une publication qui exploreront la façon dont les Inuits, les Sámis et d’autres communautés de l’Arctique créent des espaces d’autodétermination malgré qu’ils aient été soumis à des déplacements et des colonisations forcés au fil du temps.

Hiver 2021 : la création d’un poste annuel d’assistant de recherche dans le cadre du programme de bourses Inuit Futures qui aura cours jusqu’en 2024. La stagiaire architecte et titulaire d’une maîtrise en architecture Nicole Luke a été la première participante.

Printemps 2021 : adhésion en tant que membre institutionnel étoile allié du Collectif des commissaires autochtones.

Septembre 2021–octobre 2022 : la réalisation d’un projet avec Ange Loft, lauréate de la première bourse biennale du CCA pour les chercheurs autochtones travaillant sur la restitution des terres dans Tiohtià:ke/Mooniyang/Montréal.

2020–2022 : l’organisation de la série thématique « Dans la postcolonie » dans le cadre des éditions 2020, 2021 et 2022 du Programme pour les étudiants à la maîtrise du CCA, afin de mieux comprendre les façons dont l’architecture et l’urbanisme sont complices des pratiques coloniales de dépossession spatiale et continuent de répondre à leurs échos. Le projet final des étudiants de l’édition 2021, qui explore les liens entre l’élaboration de traités et l’architecture au sens large, est basé sur la péninsule Saugeen (Bruce) relevant du Traité 72, et se centre sur la création de matériel de recherche en collaboration avec des gardiens du savoir, des designers et des enseignants autochtones et de leur inclusion dans la Collection du CCA.

Hiver 2022 : la conception et la présentation de « Futurecasting. Architecture et design dirigés par des Autochtones dans l’Arctique », un atelier et un séminaire intégrés dans le projet d’exposition ᐊᖏᕐᕋᒧᑦ / Ruovttu Guvlui / Vers chez soi. Le matériel produit par les participants entrera dans la Collection du CCA.

Printemps 2022 : le lancement d’un Programme de bourse de design destinée aux personnes issues des communautés autochtones dans l’objectif de permettre au matériel créé par des designers et des membres de ces communautés d’entrer en conversation avec la Collection du CCA ou de l’intégrer.

Été 2022 : développement du projet 2022 « Guérir et construire à Barriere Lake » de la série thématique « Dans la postcolonie » du Programme pour les étudiants à la maîtrise du CCA, portant sur le pavillon de ressourcement polyvalent de la Première Nation des Algonquins de Barriere Lake. Il répond à l’initiative actuelle de la communauté de construire un tel pavillon en échangeant sur la manière dont l’architecture et l’environnement bâti peuvent soutenir des définitions étendues du bien-être et de la guérison, en particulier celles qui sont ancrées dans le territoire.

Printemps-été 2023 : le CCA collabore avec Lori Tarbell en tant que consultante en processus de reconnaissance territoriale. Lori Tarbell est Directrice générale du centre de guérison Onen’tó:kon à Kanehsatà:ke.

2023-2025 : organisation de la série thématique « Rivière, rivage, territoire », un cycle thématique de trois ans du Programme pour les étudiants à la maîtrise du CCA, visant à explorer et à soutenir la manière dont les Jardins de Métis/Reford Gardens font face au réchauffement climatique. Ce projet se concentre sur l’évolution des conditions locales du site à travers ses liens avec la rivière Mitis, les rives du fleuve Saint-Laurent et leurs liens territoriaux avec ce qui est maintenant connu comme la Gaspésie. La première année (été 2023), l’accent sera mis sur la rivière Mitis et son rôle important en tant que lieu de rassemblement pour les communautés autochtones, en tant que site de travail, de récolte et de marchandise mises en réseau qui attire les touristes de façon cyclique.

Hiver 2023–2025 : le CCA a choisi l’artiste multidisciplinaire haudenosaunee Iako’tsi:rareh Amanda Lickers pour sa bourse de recherche-création sur la restitution des terres autochtones 2023-2025. Dans son projet Everlasting, Lickers cherche à relever - par le médium de la narration visuelle qu’est le cinéma - les pratiques non éteintes et ininterrompues de maintien des lieux mises en œuvre par les membres des communautés urbaines et des réserves, en refusant les formes construites des géographies des colons. En utilisant le cadre du temps profond (passé-présent-futur interconnectés), elle mettra en évidence les principaux effets d’entraînement de la souveraineté foncière non cédée à travers les cultures matérielles et le lien durable entre la terre et le corps. Situer la relation des peuples indigènes au territoire - au-delà du passé - comme étant éternelle.

Printemps 2024 : lancement de la position révisée de reconnaissance territoriale de la CCA, produite au cours des travaux du groupe de travail sur la reconnaissance territoriale et en consultation avec des consultants autochtones.

Été 2024 : la deuxième année de la série thématique « Rivière, rivage, territoire », dans le cadre du Programme pour les étudiants à la maîtrise du CCA, permettra d’examiner le littoral et la façon dont les Jardins de Métis/Reford Gardens imaginent de nouvelles méthodes basées sur le temps pour ralentir, contrer et travailler avec l’érosion hydrique.

Août 2024 : pour la deuxième fois, le CCA présente le festival du film Tillitarniit - Many Hands. Des jeux inuits en plein air, des performances et des projections de films sur la façade du CCA seront présentés dans le parc Baile dans le cadre de la quatrième édition. Ce festival est organisé par l’artiste visuel et cinéaste Asinnajaq.

Été 2025 : la troisième année de la série thématique « Rivière, rivage, territoire » , dans le cadre du Programme pour les étudiants à la maîtrise du CCA, portera sur les héritages territoriaux des industries extractives locales et sur la façon dont ils peuvent dépasser les paradigmes actuels de la “« remédiation” » afin de projeter de nouveaux modèles de restauration écologique fondés sur la résurgence de la biodiversité et qui reconnaissent également les implications juridiques de la souveraineté autochtone, avec une attention particulière à la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk, établie sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent près de Rivière-du-Loup, et leur plaidoyer pour le renouvellement des droits territoriaux.

Le CCA remercie le ministère de la Culture et des Communications du Québec, le Conseil des arts du Canada, Patrimoine canadien et le Conseil des arts de Montréal pour leur soutien.

Nous tenons également à exprimer notre gratitude aux donateurs et subventionnaires suivants pour leur soutien particulier à l’amplification des voix autochtones au CCA : la Banque Nationale, le Conseil des arts du Canada, un donateur privé, la Banque Scotia, Nordic Culture Point, Office for Contemporary Art Norway ainsi que SAW.