Le territoire et le droit par design
Aamirah Nakhuda, Aidan Qualizza et Sofia Munera Mora enquêtent le Traité 72
L’été 2021 marquait la deuxième année de Dans la postcolonie, une série thématique sur trois ans s’inscrivant dans le cadre du programme du CCA pour les étudiants à la maîtrise. La série vise à examiner la façon dont l’architecture et l’urbanisme continuent de répondre aux longs échos des pratiques coloniales de dépossession spatiale. Cet article est le deuxième de ce cycle et s’intéresse aux impacts juridiques, sociaux et politiques de la délimitation du territoire à travers le récit d’une enquête de trois mois dans la péninsule Saugeen (Bruce), relevant du Traité 72.
S’appuyant sur le syllabus Ré-orienter produit par les chercheurs étudiants à la maîtrise de 2020, ce projet a pour objectif de donner une visibilité à des récits qui sont souvent gommés dans une société coloniale. L’article qui suit s’accompagne d’un syllabus et d’un index ouverts et collaboratifs, ainsi que d’une série d’entrevues dont les transcriptions seront intégrées à la collection du CCA, il s’agit du premier ensemble de sources primaires liées aux traités à entrer dans la collection. Ce projet fait partie d’une démarche plus large de reconnaissance et de valorisation institutionnelles d’une diversité des approches de design au sein du CCA et, plus largement, de l’enseignement de l’architecture.
Les traités existent à la fois comme objets de conception et mécanismes juridiques aidant à forger l’État-nation colonial. Ces conventions multipartites attribuent un titre au territoire, et ont été utilisées à l’origine par les peuples autochtones à travers l’île de la Tortue (Amérique du Nord) pour établir des relations avec d’autres populations qui traversaient et vivaient sur ces terres. Dans le contexte canadien, les traités ont été présentés par le gouvernement fédéral comme une garantie de souveraineté autochtone. Toutefois, ils ont souvent tenu une place centrale dans la marchandisation et la capitalisation des ressources terrestres et hydriques. Pour nombre de Nations autochtones, les traités et les revendications de titres (collectivement appelées revendications territoriales) sont des mécanismes juridiques qui permettent d’établir des droits à la terre dans le cadre législatif colonial. Ces revendications impliquent d’interminables procédures devant les tribunaux pour présenter des preuves de l’utilisation exclusive et suffisante d’une zone en litige. En 1994, la Nation Saugeen Ojibway (SON) a déposé une revendication territoriale concernant le Traité 72, laquelle illustre bien les disparités existantes entre les modes d’interaction des colons et des Autochtones avec les terres.
La revendication territoriale du Traité 72 a mis en évidence qu’une terre volée signifie la spoliation de la mémoire, de l’histoire, de la langue et de la culture, qui sont profondément ancrées dans le territoire. Les modes de vie autochtones ont évolué en symbiose avec l’eau et la terre et en sont indissociables, mais ont passablement été entravés par les modèles coloniaux de propriété foncière et de définition de frontières. Cette disparité est apparue au grand jour à l’été 2021, avec la découverte de corps d’enfants autochtones sur les sites d’anciens pensionnats de l’île de la Tortue, et les manifestations massives en soutien à l’indépendance de la Palestine. Ces événements ont mis en évidence la nécessité d’agir au plus vite pour remédier à l’impact des pratiques colonialistes sur la vie des peuples autochtones au-delà de la simple délimitation du territoire.
Pour nous trois, étudiantes et étudiant en architecture d’origine occidentale vivant dans le sud du Canada, il était important que nos recherches sur le colonialisme, les traités et le territoire soient centrées sur l’écoute des gardiens et gardiennes du savoir, éducateurs et éducatrices et designers autochtones déjà au premier plan du débat1. Les trois volets qui suivent découlent des entretiens menés avec six personnalités (le chef Lester Anoquot, David Fortin, Cathy Guirguis, Dani Kastelein, David McNab et Tiffany Shaw-Collinge) qui se sont exprimées sur la signification du territoire, les traités comme objets de conception et l’avenir de la péninsule Saugeen. Chacune de ces personnes a tenu à souligner que si les liens individuels au territoire sont éminemment personnels, les rapports aux traités sont tout autant intimes et émotionnels par nature. Les entrevues, qui ont eu lieu au cours de l’été 2021, seront accessibles en intégralité dans la collection numérique du CCA.
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Nous avons commencé ces recherches avec une connaissance limitée du Traité 72, de l’historique complexe des traités sur l’ensemble du territoire et des processus de l’élaboration de ces derniers en général. C’est avec cela en tête qu’après une période de lectures, d’apprentissages dans des séminaires et de conversations et de familiarisation avec ces sujets, nous avons choisi de nous abstenir de toute affirmation péremptoire, réalisant que l’écoute nous servirait mieux, dans notre position. ↩
Qu’est-ce que le Traité 72?
En 1836, le gouvernement fédéral négociait avec les résidents autochtones pour échanger un territoire de 1,5 million d’acres au sud de la péninsule Saugeen contre la promesse d’une aide économique et l’assurance qu’il n’y aurait pas d’installation de colons dans la péninsule. La Couronne va pourtant briser sa promesse en 1854 avec le Traité 72, qui permet au gouvernement de vendre des terres aux colons. En quoi cette histoire différencie-t-elle les revendications territoriales du Traité 72 des revendications précédentes?
« Il y a deux recours dans la revendication territoriale de la SON : celle portant sur le titre ancestral, et celle relative au Traité 72, pour manquement aux obligations de fiduciaire. Les deux sont de nature plutôt nouvelle. Dans le premier cas, le titre ancestral couvre les lits du lac et les portions du lac Huron et de la baie Georgienne entourant la péninsule Saugeen Bruce. C’est la toute première fois qu’une cour devait rendre une décision relative à un titre ancestral sur l’eau. C’est donc un cas sans précédent. Il y a d’autres revendications du même ordre […], mais il s’agit de la première à se rendre jusqu’au procès. » –Cathy Guirguis (associée chez OKT LLP)
« La revendication territoriale ne vise pas une tierce partie. Elle n’a pas pour cible les personnes qui possèdent déjà une propriété ou des fermes. L’enjeu n’est pas là; la cause concerne le gouvernement et l’obtention de compensations. » –Chef Lester Anoquot (Première Nation Saugeen)
La revendication territoriale ne vise pas à restituer l’intégralité de la péninsule Saugeen à la SON. Il s’agit plutôt de rendre aux SON les terres inoccupées qui sont toujours détenues par le gouvernement, ce qui permettrait de tisser un maillage entre Autochtones et Non-Autochtones dans la péninsule1. De la même manière, si le titre ancestral sur les terres immergées du lac Huron et de la baie Georgienne est restauré, la Loi canadienne intègrera de facto les perspectives juridiques autochtones, redéfinissant ainsi nos modes d’attribution de la propriété . En quoi la pensée juridique autochtone peut-elle influer sur les lois du pays?
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« Saugeen Ojibway Nation Treaty and Title Claim », OKT Law (blogue), consulté en octobre 2021, https://www.oktlaw.com/services/cases/son_titleclaim/. ↩
« Les peuples autochtones et les Premières Nations peuvent juste commencer à faire valoir leurs propres lois. Ils peuvent commencer à affirmer : “Voici ce qui est essentiel sur notre territoire traditionnel, essentiel sur nos terres. Il y aura sans doute de la résistance dans l’autre camp. […] Nous devons continuer à faire évoluer la loi et à la remettre en question pour qu’elle soit interprétée dans une perspective plus large.” » –Cathy Guirguis
Le 29 juillet 2021, la Cour supérieure de justice de l’Ontario a rendu sa décision concernant les revendications territoriales. Bien que la cour ait affirmé que la Couronne avait violé la promesse du traité, la décision a également indiqué que les SON n’avaient pas fourni de preuves suffisantes pour soutenir leur revendication de titre sur les terres submergées du lac Huron et de la baie Georgienne. La SON a entamé un processus d’appel de cette décision, contestant ainsi la loi en matière de droits issus de traités.
« Je crois que si la décision [sur la revendication territoriale concernant le Traité 72] avait été favorable, il y aurait eu un effet domino dans tout le Canada. Et cela aurait fait jurisprudence pour la nation canadienne dans son ensemble. » –Chef Lester Anoquot
Qu’est-ce que le territoire?
Première revendication portant sur l’eau examinée par la Cour supérieure de justice de l’Ontario, celle relative au Traité 72 ouvre la porte à un questionnement plus profond sur la façon de définir le territoire fluide par rapport à la terre ferme. Le traitement des terres et de l’eau comme entités séparées ne tient pas compte des interactions qui les relient et estompent leurs démarcations. Que se passe-t-il si la définition du territoire est élargie pour y inclure la terre, l’eau, l’air et les fonds immergés1?
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E. Tuck, K. McCoy et M. McKenzie, « Land Education: Indigenous, Post-Colonial, and Decolonizing Perspectives on Place and Environmental Education Research », Environmental Education Research, vol. 20, no 1 (2014) : p. 8. ↩
« Quand je parle de l’eau, je parle toujours de la terre qui est en dessous. En particulier dans la baie Georgienne, où il y a des parcs nationaux qui existent sous l’eau. Certaines épaves ont été classées sites historiques. Un Aîné m’a raconté qu’il y avait d’anciens feux sous l’eau. Il y a une présence autochtone sous la surface, mais ce sont des choses qui ne sont pas nécessairement répertoriées, localisées ou mentionnées. […] L’eau n’est pas un vide, c’est aussi un espace. » –Dani Kastelein-Longlade (designer)
Voir en l’eau un espace, c’est reconnaître sa capacité à s’unir dans sa définition même avec la terre en tant qu’aire d’échanges. Approcher la terre dans sa fluidité, c’est reconnaître la capacité de transformation et d’adaptation des relations à un paysage en constante évolution. La présence autochtone, lorsqu’elle est en symbiose avec un territoire fluide, se glisse dans l’avenir plutôt que de rester reléguée, statique, dans le passé. En quoi des perspectives différentes sur la signification de l’espace influencent-elles le respect que nous portons à la terre et aux personnes dont les pratiques sont ancrées dans son bien-être?
« Un des points de vue autochtones est que la terre n’est pas là pour nous en particulier, qu’elle est là pour tout le monde. Elle n’est pas faite pour que l’on en extraie les ressources en permanence. Ce doit être un échange respectueux, et je ne crois pas que telle soit la perception occidentale du colonisateur. On voit bien à quel point le débat sur la durabilité est omniprésent. […] Je crois que c’est le fait de personnes qui pensent que tout leur appartient. » –Tiffany Shaw-Collinge (artiste et architecte)
« Toutes mes interactions […] ont à voir avec l’ensemble des esprits qui résident sur cette terre, parce que tout possède un esprit en ce monde, en ces territoires, pas uniquement les êtres humains. Le problème ici est que la société européenne voit les humains comme la forme ultime de l’évolution. Elle réfute l’idée de la dimension spirituelle des autres éléments qui peuplent la terre, la notion de droits territoriaux des peuples autochtones, qu’elle ne comprend tout simplement pas. La terre est là, mais les gens actuellement en ont une compréhension erronée, ils refusent d’admettre que les Premières Nations ont des droits sur elle. Plutôt que de respecter ces interactions et de tout concilier, on part du principe que les Autochtones n’ont pas de droits territoriaux. » –David McNab (historien et professeur à la York University)
Que l’on perçoive le territoire dans toutes ses interactions ou comme un espace d’extraction influence les décisions sur qui possède les droits d’accéder à cette étendue et de l’utiliser. Quelle évaluation faisons-nous de la terre; quels droits lui attribue-t-on?
« Quand vous voulez construire quelque chose sur le territoire, les lois et règlements ne vous obligent qu’à considérer la partie qui vous intéresse. En revanche, pour nos clients [autochtones], l’important est d’adopter une perspective plus large. Il s’agit de notre territoire traditionnel et si vous en endommagez une partie, vous pourriez faire du mal à une autre, puis une autre. C’est toujours un inlassable va-et-vient pour essayer de trouver le moyen de faire comprendre à l’autre partie l’importance d’adopter un certain recul sur les choses. […] Mais il est important d’intégrer un tel point de vue, car si ce n’est pas le cas, si l’on parle des droits, cela signifie tout simplement que vous ne les respectez pas. Il faut absolument réconcilier ces deux approches. » –Cathy Guirguis
Comment abordons-nous la question du territoire dans l’éducation et la pratique?
Nous, qui étudions le domaine de l’architecture, avons remarqué que nos curriculums traitent rarement, pour ne pas dire jamais, du territoire comme autre chose qu’une surface sur ou dans laquelle construire. La terre englobe les humains, les espèces et les pratiques, ainsi que les interactions qui détruisent, forment, mélangent et convergent pour marquer de leur empreinte de vastes territoires. À quel moment avez-vous commencé à comprendre les grandes implications relevant du territoire?
« Je savais que [le territoire] représentait bien plus que ce qu’en disaient les manuels grâce aux cours de Jim Moses, mon enseignant d’histoire canadienne. J’ai compris qu’apprendre et enseigner allait au-delà des livres. J’ai compris que les récits viennent de la terre, et que pour ça, il vous faut l’écouter, peu importe où vous vous trouviez. […] Le territoire est là, malgré les édifices. » –David McNab
Un bâtiment, en tant qu’objet, devient un dialogue entre la population et le territoire. Dans ce sens, apprendre à concevoir des bâtiments, c’est apprendre comment décider quels points de vue pourront participer au dialogue. Reconnaître la subjectivité à l’œuvre dans ce processus fait partie de l’apprentissage de la responsabilisation1. Si les espaces sont le reflet des personnes qui les utilisent, la conception doit aussi être enseignée d’une manière qui reflète la personnalité de celles et ceux qui veulent apprendre. Cela suppose de représenter ces voix de façon à ce que la valeur de leurs liens avec le territoire soit pris en considération, mais également de chercher des moyens de provoquer l’adaptation et l’évolution de l’enseignement de l’architecture avec les étudiants et étudiantes. Comment bousculez-vous les postulats durant le processus de conception?
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Shawn Wilson, Research Is Ceremony: Indigenous Research Methods, Black Point, Nouvelle-Écosse, Fernwood Publishing, 2008, p. 7. ↩
« Quand vous dessinez une coupe, vous tracez toujours une épaisse ligne noire. Tout se trouve au-dessus, ou vous creusez en dessous, peu importe, mais cela réduit la terre à une épaisse ligne noire, ce qui est ridicule quand on pense à ce qui se passe sous cette ligne. Les organismes, la vie avec laquelle vous construisez. Honnêtement, lorsque j’étais à l’école, très rares étaient les gens qui mettaient l’accent sur la durabilité en design, c’était toujours une réflexion après coup. […] Je crois que la relation au territoire, une fois que l’on s’est repositionné, est une affaire de priorités personnelles, de ce que vous avez mis de l’avant dans votre démarche conceptuelle. […] Ce n’est plus tant esquisser des idées de plan d’emplacement et penser à ce qui pourrait fonctionner en termes de forme ou d’esthétique ou qui présente un intérêt, que de trouver ce qui a du sens, ce qui peut nous rapprocher du territoire et qui respecte la terre dans ce processus de design. Cela devient une façon différente d’aborder votre travail. » –David Fortin (architecte et professeur à l’Université Laurentienne)
Dans les établissements universitaires, apprendre à concevoir veut souvent dire apprendre à se servir de délimitations, de traits et de divisions pour définir l’espace. Comment remettez-vous en cause, contournez-vous et ébranlez-vous les définitions coloniales de ces délimitations et des approches connexes du design?
« Ma pratique est profondément ancrée dans l’adaptation au site, donc je crois sincèrement que chaque projet va émerger de son environnement. J’essaie de ne pas arriver avec des notions préconçues de ce à quoi pourrait ou devrait ressembler l’espace. Les visites de site sont tellement importantes : elles vous permettent d’en percevoir l’ambiance. J’aime beaucoup mettre en relief des identités cachées, des aspects éphémères et des forces invisibles. Quels sont les bruissements des arbres, quelle est la sensation de l’air, l’humidité, la topographie, qu’est-ce que la terre me demande de rechercher ou me suggère de voir? » –Tiffany Shaw-Collinge
« Je pense qu’il est primordial aussi de prendre en compte que pour les Premières Nations et les peuples autochtones, ce n’est pas comme s’il n’y avait jamais eu de frontières avant le contact. Il y avait des compréhensions du territoire et des relations avec lui. Pensez par exemple à certaines choses… disons les groupes linguistiques. Si vous étudiez ces groupes, souvent l’appartenance linguistique des Premières Nations est également reliée aux cadres de vie. Ainsi, les Cris des régions boisées parlent des dialectes cris qui correspondent à leur place dans le monde, tandis que les Cris des plaines, les Dakotas, les Lakotas ou les Pieds-Noirs ont des langues différentes, parce que celles-ci ont un lien intime avec leur environnement. Donc, il existait des démarcations d’une certaine façon, toujours basées sur la connaissance du territoire ou sur la relation culturelle au paysage. Pour moi, l’identité est vaste, mais les frontières sont aussi vagues. […] La langue marque une limite, mais elle n’en est pas moins transposable. Quand quelqu’un arrive dans un centre urbain, parle sa langue et que quelqu’un d’autre lui répond, cela crée une dimension de communauté. Élargir ses horizons quant aux délimitations au-delà de la seule question foncière est essentiel, tout comme l’est la reconnaissance de l’identité. » –David Fortin
Deuxième volet de la série en trois parties Dans la postcolonie, ce projet se veut la continuation d’une conversation alimentée sur de nombreuses années par différentes voix, perspectives et approches. Notre contribution a pris la forme de discussions avec des designers, formateurs et autres intervenants déjà investis dans les sujets de l’élaboration de traités et du territoire. Nous espérons que ces échanges viendront nourrir les efforts continuels pour donner encore plus de visibilité à l’importance de la souveraineté et de l’action autochtones. Nous avons pu observer les impacts en tant que colons, lors de ces recherches sur des thèmes qui étaient certes nouveaux pour nous, mais qui portent une longue histoire de conflits et d’effacement. Notre perspective a évolué quant à notre relation au territoire où nous étudions et travaillons. Et, plus que tout, nous avons appris l’importance de l’écoute.
Nous souhaitons que d’autres puissent utiliser le matériel que nous avons recueilli et tissé ensemble comme ressource primaire de recherche, tout en s’engageant dans une démarche d’attention à l’autre.
Ce projet a été mené sous la supervision de Rafico Ruiz et sous forme de conversations virtuelles avec des personnalités invitées. Les auteurs tiennent également à remercier Dani Kastelein, Desirée Valadares, Eladia Smoke, Adrian Blackwell, David Fortin, Tiffany Shaw-Collinge, David McNab, le chef Lester Anoquot, Cathy Guirguis, Ryan Gorrie, Alexandra Pereira-Edwards, Misca Birklein-Lagassé, Zaven Titizian, ainsi que toute l’équipe du CCA.