La figure de l’architecte-promoteur s’est dressé de façon triomphale alors même que de nombreux architectes souffrent d’un sentiment d’impuissance. Délivrés de l’obligation de toujours dire oui, libres d’être plus qu’un service pour des clients à la recherche d’un bâtiment, les promoteurs-architectes travaillent avec des investisseurs en quête d’espace. Forts de ces récents amalgames, ces nouveaux bâtisseurs semblent avoir accru leur capacité à construire des bâtiments et, plus important sans doute, ils revendiquent une position plus affirmée dans les processus capitalistes qui façonnent la production spatiale. Mais vient avec cette agentivité un grand fardeau : ces amalgames se doivent de répondre aux contraintes de l’architecture mais aussi de la finance. Dans une société où le contrôle des ressources économiques signifie dépend du pouvoir sur les autres et sur l’environnement, il devient logique d’essayer de briguer le sommet de la pyramide. Mais est-il encore plus important de la renverser? À défaut de redéfinir ce que peut être un promoteur, l’architecte ne fait peut-être qu’inverser tout simplement les rôles tandis que le monde devient un peu plus âpre et plus féroce.

Mi-fantaisiste mi-résilient, l’architecte-promoteur apparaît comme un nouveau rôle aujourd’hui. Pour les architectes qui envisagent la transition avec une amélioration réelle de l’éthique, il y a la crainte de ne terminer finalement qu’à produire les mêmes bâtiments avides de profits, mais avec des détails plus soignés. Nous pensons qu’il serait utile d’étudier les manières existantes de ne pas devenir cette personne que l’on affirmait détester (du moins en public). Y parvenir implique de se confronter aux différentes définitions et prérogatives des « promoteurs » dans divers contextes, en prenant en compte la loi, la finance, les précédents et la pratique, le soutien et la concurrence qui varient considérablement à travers le monde. Cette résidence-ci se concentrera donc principalement sur la figure de l’architecte-promoteur telle qu’elle est perçue par les architectes.

Les participants commenceront par interroger des architectes qui se sont transformés en promoteurs (en public ou en secret) afin de mieux comprendre la raison pour laquelle ils ont fait la transition et ce que ce nouveau rôle leur permet ou non de faire. Ces professionnels remettront en question notre idée de ce que peut être un architecte-promoteur et nous forceront à nous demander demandent si des modèles non extractifs de pratique sont même possibles aujourd’hui. Nous chercherons des interprétations contemporaines issues de différents pays pour saisir de manière plus précise les rôles et les pouvoirs potentiels des architectes-promoteurs et définir de nouvelles possibilités favorables à leur accomplissement. Les participants partageront leurs découvertes via une publication en ligne sous la forme d’une série de chroniques de conseils, interprétées au sens large à travers différents médias.

Cette année, et pour la première fois, il y a deux manières de participer.

• Pour vous joindre à cette résidence en ligne de trois semaines, veuillez envoyer un article d’opinion sur les architectes-promoteurs (250 mots maximum), un morceau de musique que nous devrions écouter pendant la lecture de votre texte et un CV à howto@cca.qc.ca avant le 28 novembre 2021. L’investissement de temps requis pendant la résidence est d’environ trois heures par jour (lundi, mardi, jeudi et vendredi) du 10 au 29 janvier 2022. La langue de travail de la résidence est l’anglais, et la résidence est gratuite.

• Vous pouvez aussi nous envoyer des questions sur l’accès au métier d’architecte-promoteur à howto@cca.qc.ca. Vos questions trouveront peut-être réponse dans la publication. Les questions anonymes sont tout à fait acceptables, il suffit d’utiliser un pseudonyme.

Depuis 2018, la résidence annuelle Comment a produit diverses interventions dans des activités para-architecturales telles que l’édition (Comment ne pas faire un magazine d’architecture), le commissariat (Comment ébranler le public) et les prix (Comment récompenser et punir). La résidence a été conçue comme une plateforme de création rapide d’outils en réponse à des opportunités et des besoins spécifiques. En 2022, elle entame un nouveau cycle de trois ans axé sur l’accélération des mutations dans la pratique architecturale.

Les commissaires de Comment ne pas devenir un « promoteur » sont Lev Bratishenko, Conservateur, Public, CCA, et Joseph Zeal-Henry, co-fondateur avec Pooja Agrawal de Sound Advice qui explorer les inégalités spatiales par le biais de commentaires sociaux et de la musique.