“Ton père a le sort le plus beau ; La vaste mer est son tombeau ; Ses yeux, ce sont des perles fines ; Ses os sont changés en corail ; Tout son corps, merveilleux travail ; A pris mille formes marines.” La tempête, William Shakespeare

Claude Cormier(1960-2023) est unique au Québec – et peut-être même au Canada – en tant que concepteur intellectuel du paysage. Bien informé dans les domaines de l’agronomie et des sciences horticoles, son engagement public s’est tourné vers l’art conceptuel plutôt que vers les domaines scientifiques. Cette orientation est née d’un pacte faustien qu’il avait conclu avec moi : Si le CCA finançait ses études supérieures à Harvard pendant un an, il nous prodiguerait au fil du temps des conseils sur la santé et l’entretien des jardins du CCA. Je dois ajouter qu’à cette époque, soit au début des années 1980, l’approche moderniste était loin d’être manifeste à Montréal. Trente ans plus tard, la publication Serious Fun : The Landscapes of Claude Cormier témoigne d’une pratique vaste. Le travail que je connais personnellement de Cormier couvre la plupart des typologies publiques et privées présentées dans le livre : des espèces et des formes inhabituelles qui participent au jardin ” traditionnel ” devant une maison ; de grandes formes roses rappelant des arbres robustes qui humanisent une salle de congrès municipale ; de vastes pelouses riveraines qui font penser à des bassins d’eau ; des collages de petites surfaces gazonnées et de sentiers formant des entrées et des liens – des idées qui produisent des places, des jardins publics, des monuments, des squares, des esplanades, tout cela au cœur de la ville. Le haut niveau d’innovation de Cormier change le rythme de la ville.