Le chercheur en résidence Andrew Witt présente ses recherches :

Des systèmes proportionnels à la géométrie projective, l’architecture a entretenu une conversation durable avec les mathématiques. Le modernisme a élargi cet échange au delà des outils projectifs de représentation spatiale et a conduit à des mathématiques hyperdimensionnelles à visée plus fonctionnelle et expérientielle. Une telle ouverture a permis d’introduire un nouveau lexique des techniques et objets formels servant à transcrire le design même en langage de la technologie et de l’illusion.

Cette conférence explore deux constructions mathématiques connexes – l’hypercube et le réseau cristallin – dont les histoires au sein du design déploient, en microcosme, les promesses et les ambigüités de l’engagement disciplinaire de l’architecture envers la science. De De Stijl à Eisenman, ces deux concepts sont apparus et réapparus dans des états modifiés mais reconnaissables, devenant à la fois objets du folklore d’une identité culturelle et nouvelles méthodes apportant une solution aux problèmes de design. Ces constructions, en même temps géologiques et géométriques, tactiles et cependant virtuelles, naturelles et antinaturelles, nous forcent à confronter les tensions et dualités inhérentes à l’appropriation du design des mathématiques avancées qui conditionnent tacitement l’utilisation de la technologie numérique pratiquée aujourd’hui.

Andrew Witt est professeur adjoint en pratique de l’architecture à Harvard University, où il explore l’intersection entre architecture et sciences, en particulier dans les mathématiques. Formé à la fois comme architecte et mathématicien, il s’intéresse plus spécialement à une approche de la forme techniquement synthétique et logiquement rigoureuse. Il est le cofondateur de Certain Measures, société de conseil en science du design. Il dirigeait auparavant la recherche à Gehry Technologies, jeune entreprise de recherche en logiciel créée par Frank Gehry. Il a aussi été expert en géométrie et en design numérique pour le compte de Gehry Partners, des Ateliers Jean Nouvel, de UNStudio et de Coop Himmelb(l)au. Récemment, il a publié Light Harmonies, monographie sur la photographie architecturale d’Heinrich Heidersberger, qui inclut le mouvement complexe d’espaces virtuels de lumière.

Andrew Witt était chercheur en résidence au CCA en 2015.