Le chercheur en résidence Samuel D. Albert présente sa recherche.

Le modèle italien “moderne”, qui comprend les palais et les villas, comme les basiliques médiévales et les “petites maisons”, s’impose vers 1800 dans les livres d’architecture français. C’est une réponse à l’émergence de programmes plus démocratiques ou utilitaires comme l’immeuble, la villa, les constructions agricoles ou industrielles. Mais il permet surtout de sortir du cadre de l’architecture monumentale classique, pour explorer d’autres méthodes de projet et forger, par une élaboration graphique radicale, de nouveaux modèles.

Il faut distinguer Percier et Fontaine, et les élèves de l’École des Beaux-Arts qui éditent leurs relevés italiens, de Durand, Charles Normand et François-Léonard Séheult, qui ne connaissent pas l’Italie, mais utilisent un matériel graphique élaboré d’après des documents, sans doute sous la direction de Boullée. Les premiers privilégient les plans, et affichent leur statut d’artiste en multipliant les vues et les ornements. Les seconds, plus radicaux dans l’interprétation, ne s’intéressent qu’aux façades, refusent les rendus en couleurs et délaissent la perspective. Le modèle italien schématique du Précis des leçons d’architecture données à l’École Polytechnique (1802-1805), correspond à un désir de vulgarisation et de diffusion d’une méthode simple et efficace, basée sur une géométrie élémentaire. A l’opposé, le modèle italien élégant de Palais, maisons et autres édifices modernes dessinés à Rome (1798), gravé au trait, mais aussi proposé en version aquarellée et ponctué de spectaculaires frontispices décoratifs, illustre le raffinement d’une approche artistique élitiste et basée sur la transmission.

À partir de références souvent identiques, s’affirment ainsi un rationalisme, une esthétique de la régularité, et une approche subjective et pittoresque du projet, que l’on peut opposer mais qui sont les deux visages d’un même avènement : la naissance de la composition, lever de rideau de la période contemporaine.

Jean-Philippe Garic était chercheur en résidence au CCA en 2004.