Le chercheur en résidence Laurent Baridon présente sa recherche.

L’histoire de Dinocrate, telle que Vitruve la raconte, met en scène le face-à-face de cet architecte et d’Alexandre-le-Grand, son prestigieux commanditaire. La descendance de ce récit dans la théorie d’architecture, par les multiples déformations qu’il y subit, lui confère la force du mythe. À le considérer comme tel, il présente une polysémie dont le spectre révèle les contours de la figure de l’architecte en abordant les questions de la relation au commanditaire, au pouvoir, à la nature, aux arts mécaniques ou libéraux. Il explicite donc les conditions et les ambitions d’un statut professionnel nouveau au moment de son émergence à la Renaissance. Les textes mais aussi les images participent de cette construction intellectuelle, car, au même moment, les premiers portraits de cette nouvelle figure apparaissent. La longue généalogie de ces représentations, vrais ou faux autoportraits, résonne du mythe de Dinocrate en évoquant les prérogatives politiques et la responsabilité sociale de l’architecte; bien plus, elle les incarne. Une des caractéristiques essentielles de la définition de ce nouveau personnage réside en effet dans sa volonté d’engendrer une société parfaite.

Laurent Baridon, Docteur en Histoire de l’art, Université Marc-Bloch, Strasbourg, France. Thèse de doctorat soutenue en 1992 : L’imaginaire scientifique de Viollet-le-Duc, genèse d’une pensée architecturale. Approches et champs de recherche: histoire des idées de l’art et des artistes ; architecture occidentale du XVIIIe au XXe siècle et représentation de la figure humaine au XIXe siècle. Il est le co-auteur avec Martial Guédron de Corps et arts: physionomies et physiologies dans les arts visuels (Paris; Montréal: L’Harmattan, 1999).

Laurent Baridon était chercheur en résidence au CCA en 2002-2003.