Le travail des architectes est empreint de cartésianisme. Il consiste souvent à tracer des lignes abstraites et fermes qui définissent des intérieurs, des extérieurs, des hauts et des bas. Des lignes qui construisent des distinctions et des catégories, leur esthétique abstraite et modulaire incitant à la logique de l’efficacité économique trop souvent au détriment de la conscience éthique et écologique. Pourtant, l’architecture pourrait également être réimaginée et déployée pour démanteler les frontières qui définissent, enferment et exploitent actuellement le monde et l’intérêt commun. Une architecture non cartésienne n’est pas conçue pour quantifier, contrôler ou catégoriser. Une architecture difficile à décrire sous des catégories binaires. Dans ce séminaire, Otero examine la recherche sur les structures aériennes de Cedric Price et sa position politique alambiquée. Les structures aériennes incluses dans cette vaste enquête offrent des possibilités de s’aventurer au-delà du clivage cartésien. En même temps, elles sont enchevêtrées avec les régimes et les industries qui stimulent les ambitions modernistes les plus brutes, les rêves de maîtrise de l’espace et du temps, du territoire et des ressources.

Marina Otero Verzier est responsable du master de design social à la Design Academy Eindhoven, un programme qui porte sur les pratiques de conception architecturale en accord avec les défis écologiques et sociaux. En 2022, elle a reçu le prix Wheelwright de la GSD de Harvard pour un projet sur l’avenir du stockage des données. De 2015 à 2022, elle a été directrice de la recherche à Het Nieuwe Instituut, où elle a dirigé des initiatives axées sur le travail, l’extraction et la santé mentale dans une perspective architecturale et post-anthropocentrique, notamment « Automated Landscapes » et « BURN-OUT ». Auparavant, elle était directrice de la programmation du réseau mondial au Studio-X à la GSAPP de l’université Columbia, New York. Otero a été co-commissaire de la Shanghai Art Biennial 2021, commissaire du Pavillon néerlandais à la Biennale d’architecture de Venise en 2018 et commissaire de la Triennale d’Oslo en 2016. Elle a co-dirigé les ouvrages Lithium: States of Exhaustion (2021), A Matter of Data (2021), More-than-Human (2020), Architecture of Appropriation (2019), Work, Body, Leisure (2018) et After Belonging (2016), entre autres.