Lors de ce séminaire, Jordan B. Kinder revient sur un épisode critique de l’histoire des infrastructures du Canada, où infrastructuralismes coloniaux et autochtones se confrontent publiquement : celui du pipeline de la vallée du Mackenzie, projet finalement non réalisé. Proposé dans les années 1970, ce gazoduc aurait créé deux corridors de transport d’énergie dans le Nord, son tracé en faisant le plus long pipeline jamais construit. Après une enquête fédérale menant à la double recommandation d’un moratoire de dix ans pour permettre le règlement de revendications territoriales autochtones et d’une modification de son tracé pour éviter une voie migratoire des caribous dans le nord du Yukon, l’idée de cette canalisation est abandonnée.

Ce séminaire résulte d’un projet en cours mettant en relief la contribution quelque peu oubliée de Van Ginkel Associates, à l’époque agence d’architecture, d’urbanisme et de design montréalaise sous contrat avec le consortium pétrolier et gazier promoteur de l’un des tracés du pipeline, chargée des études d’impact socioéconomique et socioécologique, de la cartographie aérienne, de la planification d’implantation, entre autres. Dans le cadre de ce projet, Kinder explore les implications d’une telle édification d’un monde infrastructurel en matière de destruction inéluctable des économies et installations autochtones. Dans le cadre de cette présentation, Kinder s’attardera sur le modernisme architectural Van Ginkel, en explicitant comment leur engagement envers une dimension particulière du modernisme, lié à leur implication auprès de Team X et sous-tendu par des aspirations à la préservation et au progrès, a façonné le travail réalisé par l’agence pour le compte de la Canadian Arctic Gas Pipeline Limited, le consortium pétrolier et gazier.

Originaire d’une ville industrielle de ce que l’on appelle aujourd’hui le nord de la Colombie-Britannique, au Canada, Jordan B. Kinder est chercheur en études médiatiques et sciences humaines environnementales. Il est citoyen de la Nation Métis de l’Alberta et actuellement professeur adjoint aux départements d’études en communications et d’études culturelles de l’Université Wilfrid Laurier. Pour l’année universitaire 2023–2024, il est également associé de recherche au Mahindra Humanities Center de la Harvard University.