L’édition 2024 du Programme virtuel de bourses de recherche invitait les candidats à présenter des propositions sur ce qui constitue les supports médiatiques nécessaires au domaine de l’architecture aujourd’hui. Que ce soit en étudiant la forme du court documentaire, les images créées avec un appareil, les dessins sur vélin ou les représentations numériques, les chercheurs furent invités à plonger dans notre Collection afin de faire émerger divers types de « preuves » qui appuient leurs affirmations en ce qui concerne les formes et les pratiques de la représentation qui devraient être valorisées dans le discours sur l’architecture contemporaine.

Le programme visait à examiner de quelle manière les affordances des outils de représentation spécifiques positionnent « l’urgence » à travers ses registres social, environnemental, économique et politique; par exemple, les pratiques d’enquête coloniale dans diverses géographies qui reposaient sur la production de cartes topographiques afin d’affirmer leur autorité sur les territoires; la manière dont les cartes de risque d’incendie produites et utilisées par les sociétés d’assurances d’entreprises pouvaient omettre les effets négatifs de l’embourgeoisement et du zonage à des fins lucratives; ou la façon dont Cedric Price utilisait les questionnaires afin de refléter les dimensions sociales vastes et diversifiées d’un projet donné. Dans chacun des cas, la capacité de ces outils à capter les réalités empiriques et à être saisi par les positions idéologiques et/ou conceptuelles reflète leur potentiel à établir des revendications juridiques ou d’autres contextes pour lesquels une « preuve » est d’une importance capitale.

Au cours de la dernière décennie, le travail du Centre de recherche sur l’architecture à Goldsmiths, Université de Londres a mis en lumière les relations entre la production médiatique architecturale et la poursuite de projets établissant des preuves dans les zones de conflit, la justice migratoire et les mouvements de souveraineté des données. Les candidats au Programme virtuel de bourses de recherche 2024 furent donc invités à étudier comment une analyse spécifique d’un support médiatique, qui est attentive à une lecture approfondie des contextes de production, peut façonner la manière dont l’urgence est expérimentée et comprise. Les outils de représentation, qu’ils soient entièrement matériels et analogues ou qu’ils vivent dans le « nuage », sont les principaux moyens avec lesquels les concepteurs réfléchissent aux enjeux les plus pressants de notre époque. Cette approche réflexive concorde avec l’intérêt du CCA pour le film comme outil curatorial et le documentaire en tant que genre afin de souligner la façon dont les interventions spatiales mettent en lumière et rendent malléables les normes sociales entourant le logement, le vieillissement et l’organisation familiale.

Les deux boursiers sélectionnés ont entrepris une recherche mettant la Collection du CCA en conversation avec du matériel conservé ailleurs pour explorer où, comment et pourquoi les supports médiatiques en architecture sont pensés et créés.

Les boursiers virtuels pouvaient aborder une vaste gamme de sujets qui mettent de l’avant les définitions et les structures spécifiques de « l’urgence » et les supports médiatiques à partir desquels elles sont construites et desquels elles dépendent. Ces sujets pouvaient inclure :

• Les relations entre le design et l’élaboration de preuves
• La fiabilité, la falsification, le dédoublement et d’autres questions relatives à la preuve architecturale
• Les compréhensions historiques spécifiques et contingentes des supports médiatiques en architecture
• Les explorations de la construction sociale de l’urgence et sa dépendance aux technologies médiatiques
• Des réflexions sur le « documentaire » comme un genre filmographique/photographique pertinent dans le discours architectural
• Les projets multimédias, numériques ou autres, et les frontières/relations entre les médias