La chercheure en résidence Estelle Thibault présente sa recherche:
De César Daly à André Lurçat, l’ambition de fonder une « science de l’esthétique architecturale » traverse un ensemble d’écrits hétérogènes, articles ou ouvrages de plus ou moins grande portée, parfois corrélés à des projets d’enseignement. J’ai entrepris une généalogie de ces discours qui prennent comme toile de fond la séquence tardive au cours de laquelle l’esthétique acquiert en France son statut de discipline autonome, à l’Académie des sciences morales et politiques comme à l’université. Derrière l’esthétique scientifique, les architectes mobilisent un horizon aux frontières mal définies, articulant théories de l’expression, physiologie sensorielle, psychologie sociale, dans l’objectif commun de mieux cerner les réactions émotionnelles de l’observateur face aux édifices. Les références à ces domaines, librement interprétées, s’articulent avec des prises de position vis-à-vis de la tradition architecturale. Entre exploration scientifique et fiction théorique, ces domaines n’en appuient pas moins une tentative de codification du langage formel de l’architecture, ramenée à des composantes abstraites dont la signification affective pourrait être identifiée : un projet global où se croisent éclectisme beaux-arts et mouvement moderne.
Si ces théories de l’influence émergent au fil du 19e, elles trouveront leur apogée au tournant du siècle, quand la notion de «sympathie» se voit relue au prisme de la physiologie expérimentale, de l’hypnose scientifique, ou encore de la psychologie des foules. Elles appuient alors une rationalisation des effets suggestifs de l’architecture, qui permet de repositionner la compétence esthétique du constructeur au service de stratégies politiques et sociales profondément ambivalentes, partagées entre l’utopie d’une communication émotionnelle universelle et la perspective d’un contrôle des masses.
Estelle Thibault est architecte DPLG et docteur de l’Université Paris 8. Elle a été allocataire du Ministère de la Recherche, puis chercheure au laboratoire Architecture, Culture, Sociétés à l’Ecole d’Architecture de Paris-Malaquais. Elle est actuellement titulaire à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Belleville, où elle enseigne la théorie, l’analyse et le projet architectural. Ses recherches portent plus spécifiquement sur l’histoire des croisements entre théories architecturales, esthétique et sciences de la perception ; ainsi que sur les analogies scientifiques qui parcourent les discours architecturaux dans les décennies qui entourent 1900. Elle a récemment publié des articles consacrés à ces questions dans les Cahiers Thématiques de l’École d’Architecture de Lille (2005, 2007) et présenté ses travaux au colloque « Ledoux, l’utopie, la ville » (Arc-et-Senans, 2007).
Estelle Thibault était Chercheure en résidence au CCA in 2007.
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