Frederick N. Bohrer, chercheur en résidence, examine la photographie archéologique au milieu du XIX^e siècle, en la comparant aux autres méthodes de représentation visuelle et en mettant en question son apparente objectivité :

Il est possible d’en apprendre au moins autant à propos de la photographie à partir de ses emplois en archéologie que des raisons pour lesquelles la photographie y a été adoptée. Les deux disciplines sont des produits de la même époque culturelle, au milieu du XIX^e siècle. Les représentations photographiques de certains sites archéologiques et artefacts de la région méditerranéenne et du Moyen-Orient soulèvent des questions liées à l’histoire, la connaissance et la représentation : leur objectif initial est dépassé alors qu’elles deviennent les archives d’un passé construit au sein d’un projet scientifique naissant. Malgré les revendications de ses premiers promoteurs, la photographie archéologique doit être examinée en rapport aux formes précédentes et coexistantes de représentation visuelle, comme la peinture, la gravure, la lithographie et les bas-reliefs. L’effet de l’archéologie, malgré la rhétorique de la science, doit être apprécié tant d’un point de vue culturel que matériel. Enfin, en dépit de son apparente objectivité, la photographie archéologique, à la fois comme pratique et métaphore, doit être considérée par rapport au libre arbitre de l’homme, à la fois devant et derrière l’objectif.

Frederick N. Bohrer est professeur d’art au Hood College. Il est l’auteur du livre Orientalism and Visual Culture: Imagining Mesopotamia in Nineteenth-Century Europe et l’éditeur et commissaire de Antoin Sevruguin and the Persian Image: Photographs of Iran, 1870-1930. Il a été allocataire de recherche au Getty Research Institute, au Clark Art Institute et au Center for Advanced Study in the Visual Arts of the National Gallery of Art aux États-Unis

Frederick Bohrer était chercheur en résidence au CCA en 2010.