La chercheure en résidence Izumi Kuroishi présente ses recherches :

Bruno Taut et Walter Gropius, dans les périodes entourant la Seconde Guerre mondiale, ont reconnu avec enthousiasme la culture architecturale japonaise. Ils ont souligné sa simplicité, sa petite échelle, sa géométrie et son naturalisme, qu’ils ont comparés aux concepts et à l’esthétique formelle du modernisme. Encore aujourd’hui, ces qualités servent souvent à faire l’éloge des maisons japonaises.

Cependant, un aperçu historique sur l’architecture et le design urbain japonais de l’avant- et de l’après-guerre montre que cette interprétation fait abstraction du contexte social. Dans le processus d’occidentalisation et d’industrialisation, l’économie de consommation et de mondialisation a laissé des marques profondes dans les habitudes, l’esthétique et la culture urbaine et architecturale du Japon, créant ainsi une rupture dans la pensée, les techniques de fabrication et les relations entre l’architecture et la société en matière de design.

Immédiatement après la guerre, plusieurs architectes japonais ont tenté de reconstruire leur approche à la profession selon les principes du Congrès international d’architecture moderne (CIAM), qui ont été fondés sur les idéologies socialistes d’avant-guerre. Les principes du CIAM visaient à démocratiser les systèmes de production et l’architecture comme un tout, en particulier pour réaliser des projets urbains et architecturaux destinés aux classes ouvrières, en élaborant des théories de planification et un module national de petits logements industrialisés. Cependant, l’essor du consumérisme dans les années 1960 a transformé cet objectif.

Ce séminaire explorera les changements apportés à la méthodologie de l’étude des logements et des modes de vie. Il examinera comment cette méthodologie a été mise en œuvre dans le cadre de projets d’amélioration de la qualité de vie et d’études d’intérieur, et comment les architectes japonais ont élaboré le concept de maison de taille minimale, des systèmes de préfabrication, un module national et des systèmes de design mathématiques comme autres approches de la théorie architecturale. S’appuyant en partie sur l’exposition du CCA Architecture en uniforme, le séminaire montrera comment les conflits politiques, idéologiques et culturels ainsi que la nouvelle situation économique et les espoirs de modernisation ont établi la maison de taille minimale et l’industrie de la maison préfabriquée comme les meilleurs exemples de l’architecture japonaise du quotidien.

Izumi Kuroishi est professeure à l’Aoyama Gakuin University. Ses recherches portent notamment sur le travail de terrain urbain fondé sur la phénoménologie, et sur l’habitation moderne et la culture matérielle en architecture. Elle a dirigé à Tokyo des projets axés sur les catastrophes dans le paysage urbain, la culture alimentaire, les modes de vie et sur la mémoire et les photographies. Elle a entre autres publié External Ideas of Architecture: Works and Ideas of Wajiro Kon (2000), Constructing the Colonized Land (2014) et Earthquake Recovery in the Northern Part of Japan and Wajiro Kon: Knowledge of Domestic Works and Living (2015). Izumi Kuroishi a aussi été commissaire des expositions suivantes : Retrospective Kon Wajiro (2011), Sensing Cities (2008–2015), Design and Disaster: Kon Wajiro’s Modernologio (2014) et Memories of the Lost Landscape of Kesennuma (2013–2014).

Izumi Kuroishi était chercheure en résidence au CCA en 2015.