Rejoignez-nous pour le premier volet de notre série Documenter les déplacements, lors duquel Marisa Portolese, Jinyoung Kim et Pedro Barbáchano, présenteront des projets photographiques s’intéressant aux déplacements spatiaux de personnes, d’objets et de monuments et interrogeant les effets de ces changements de contexte sur leurs significations et la mémoire collective. De la recherche à la documentation, en passant par le portrait, la narration et l’installation, les artistes décriront les méthodologies et les processus qu’ils ont développé au cours de la réalisation de leurs projets. Les présentations seront suivies d’une discussion avec les artistes.

Marisa Portolese présentera son projet Goose Village (2022), dans lequel elle a documenté l’histoire perdue de ce quartier décimé par les développements urbains des années 1960, situé à Pointe-Saint-Charles, Montréal, Québec. Le projet met en évidence les conséquences destructrices des agendas politiques à court terme et des idéaux capitalistes qui ont causé le déplacement de communautés tout en commémorant les souvenirs des habitants du quartier.

Avec le projet Sustained (Temporary) Condition (2021), Jinyoung Kim présente un assemblage d’objets quotidiens qui ont occupé le monde des résidents transitoires de Tiohti:áke/ Mooniynag/ Montréal pendant la pandémie de COVID-19. L’œuvre fait resurgir ces objets dans l’espace public de la Place des Festivals, commémorant ainsi les communautés migrantes qui se sont déplacées d’un endroit à l’autre de façon forcée ou volontaire.

Enfin, le projet Philae est une série photographique sur laquelle Pedro Barbáchano travaille depuis 2017, et qui porte sur les sites archéologiques qui se trouvaient autrefois dans la zone du haut barrage d’Assouan en Égypte, avant d’être partiellement submergés après sa construction dans les années 1970. Le projet documente l’un de ces complexes archéologiques, le temple de Philae, qui a été entièrement démantelé et reconstruit sur l’île voisine d’Agilkia afin d’être préservé. Cependant, l’ajout de systèmes de sonorisation et d’éclairage a modifié le caractère sacré de ce temple et a achevé la transformation de ce lieu de culte en un site d’extraction industrielle.

Documenter les déplacements propose d’explorer la notion de déplacement et ses diverses significations et effets dans des œuvres photographiques et vidéo d’artistes qui s’intéressent à cette notion à travers le sujet qu’ils ont représenté ou à travers leurs méthodologies et processus eux-mêmes. Les artistes invités pour cette série vivent tous en Amérique du Nord, mais développent leur travail à partir d’un sentiment de déplacement dû à leur origine culturelle ou géographique. Ces présentations et discussions font partie d’une série d’événements accompagnant l’exposition Les vies des documents - La photographie en tant que projet, qui s’intéresse aux processus et méthodologies d’artistes et de photographes dans la construction d’arguments visuels, de critiques, de recherches et d’observations sur notre environnement bâti à travers le médium photographique.

Marisa Portolese est canadienne-italienne et est née à Montréal, au Québec. Elle est professeure agrégée au programme de photographie de la Faculté des beaux-arts de l’Université Concordia. Le portrait, la représentation des femmes, le récit, l’autobiographie, la figure dans la nature, l’héritage culturel et l’immigration sont des sujets majeurs et récurrents dans sa pratique. Elle a réalisé de nombreux projets photographiques qui ont été présentés au Canada, en Europe et aux États-Unis. De 2017 à 2019, elle a été artiste en résidence au Musée McCord à Montréal. Son travail a été publié dans divers magazines, revues, journaux, livres d’art et périodiques et trois monographies lui ont également été consacrées : Un chevreuil à la fenêtre de ma chambre (2003), Antonia’s Garden (2012) et Dans le Studio avec Notman (2018). Elle est lauréate de prix et bourses des Conseils des arts du Canada et du Québec, ainsi que du Conseil de recherches en sciences humaines. En 2022, elle a également reçu une bourse de recherche de l’Université Concordia. Ses œuvres font partie de collections muséales, particulières et d’entreprises.

Jinyoung Kim est une artiste visuelle et une éducatrice dont le travail explore le sens du lieu et de la culture matérielle en tant que condition essentielle où les souvenirs personnels et collectifs s’unissent, s’étendant sur un royaume imaginaire qui fait le lien entre le passé et le présent. Elle utilise la photographie, la vidéo et des installations basées sur des objets pour tisser un inventaire des expériences vécues qui découlent de la perspective d’une diaspora. Ses œuvres ont été exposées et projetées au Canada et internationalement. Elle a reçu le Prix Lynne Cohen en 2019 de la Succession Lynne Cohen et du Musée national des beaux-arts du Québec, et a été présélectionnée pour le Prix Pierre-Ayot en 2018.

Pedro Barbáchano est artiste, travailleur culturel et éducateur à Tiohtià:ke/Montréal. Sa pratique photographique observe l’archéologie spéculative, la critique des documents, des preuves historiques, des monuments et des questions relatives à la représentation des identités subalternes. Barbáchano identifie des études de cas qui épuisent le langage photographique et remettent en question les archives privées, publiques, personnelles et institutionnelles. Son travail s’est matérialisé sous forme d’expositions, d’installations, de livres et d’expériences de réalité augmentée à partir de l’image photographique. Il a exposé son travail au Canada et à internationalement. Barbáchano a reçu plusieurs prix, comme la bourse Roloff Beny et le prix Gabor Szilasi en photographie, la bourse Post Image Research, la bourse Steven Goldberg, la bourse John W. O’Brien Graduate et le prix humanitaire Heather & Erin Walker. Son travail est soutenu par le Conseil des Arts du Canada et fait partie de collections privées au Canada et en Espagne.