CHARRETTE
INTERUNIVERSITAIRE
2019


LA VILLE
AU COIN DE LA RUE


14.11.2019 –
22.11.2019

PROBLÉMATIQUE


Redéfinir la ville

Des expositions comme Actions : comment s’approprier la ville, organisée par le CCA en 20081, ont prouvé que les mouvements émanant des citoyens contournent souvent le design traditionnel, quelque peu pyramidal, centré sur des projets urbains complexes et tape-à-l'œil comme des toits-terrasses et des serres, plus coûteux et difficiles à mettre en œuvre que des actions populaires. Partout dans le monde, de petites interventions cumulées arrivent à créer des villes parallèles et vivables au sein des villes et gagnent à être découvertes. Elles offrent beaucoup à qui veut apprendre.

Par exemple, dans la dernière décennie et demie, Montréal a vécu une révolution écologique, avec les ruelles vertes qui la caractérisent. Lancée il y a une quinzaine d’années comme un modeste effort citoyen dans quelques quartiers, l’initiative s’est graduellement répandue et a connu une croissance rapide, particulièrement depuis cinq ans. En 2018, 346 ruelles vertes étaient officiellement désignées. À la fin de 2019, il devrait y avoir plus de 440 interventions, avec environ 100 kilomètres de ruelles verdies. Chicago, Los Angeles, Vancouver, Washington, pour n’en nommer que quelques-unes, comprennent toutes des ruelles et ont entrepris de les verdir en lançant elles aussi des actions2.

Fait important, l’économie n’a pas été le seul moteur des transformations urbaines contemporaines telles les ruelles vertes et la croissance de l’agriculture urbaine, comme ce fut le cas pour le mouvement des jardins communautaires. Ce changement d’attitude au niveau local est suscité par plusieurs considérations, dont : l’inquiétude des individus quant aux changements climatiques et le désir de les prévenir, l’amélioration de la qualité de la vie en ville désirée par des citoyens de plus en plus conscients de la force des actions communautaires et la préoccupation grandissante du public pour la qualité de la nourriture consommée.

L’analogie des ruelles vertes

Pour commencer à nous attaquer aux changements climatiques et contrer des phénomènes particulièrement urbains tels les îlots de chaleur, nous devrions envisager des points de départ génériques, universels et reproductibles pour des transformations urbaines, comme les ruelles. Des infrastructures publiques abandonnées et des projets privés, des espaces et des bâtiments transitionnels, ainsi que des terrains vagues méritent d’être pris en compte3. La réappropriation démocratique du domaine public constitue un mécanisme exemplaire de transformation et de redéfinition urbaine. Elle peut être adaptée à tous les espaces publics de la ville. Elle représente un modèle abordable, modeste et réaliste pour prendre en charge diverses parcelles de terrain et différents types de projets, pas seulement dans les ruelles. À Toronto et dans plusieurs villes américaines, il est possible pour un groupe de citoyens de revendiquer un espace vague pour un jardin communautaire et d’obtenir la permission de l’utiliser en décrivant les dimensions, l’usage présent, l’accès à l’eau et au soleil, les plans de situation (un plan du site dans son état actuel et un du projet envisagé) et l’impact sur le quartier environnant. Depuis 2016, à Vancouver, les arrière-cours, largement inutilisées en tant qu’espaces publics, se réinventent comme des « lieux de convivialité4 ».

En utilisant les ruelles vertes comme un modèle, un guide et une inspiration, la 25e Charrette interuniversitaire du CCA met au défi de jeunes concepteurs d’identifier un espace générique à redéfinir, à Montréal ou dans leur ville, et de démontrer le potentiel du lieu pour une appropriation collective rapide et peu onéreuse.

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1 www.cca-actions.org

2 Selon Simon Octeau, ancien directeur du Regroupement des éco-quartiers, le groupe chapeautant les organismes écologiques de quartier parrainés par la Ville qui agissent comme médiateurs des activités de verdissement engagées par la communauté et soutenues par la Ville, le mouvement des ruelles vertes place Montréal au sein des principales villes du monde quant aux arrière-cours vertes.

3 La méthode d’instauration de ruelles vertes est bien décrite dans le guide du Regroupement des éco-quartiers, intitulé Les programmes locaux d’implantation de ruelles vertes à Montréal.

4 https://vancouver.ca/streets-transportation/laneways.aspx



Suggestions de lecture

G. Borasi and M. Zardini (2008). Actions: comment s’approprier la ville, Centre Canadien d’Architecture, SUN.

Dehaene, M. (2018). « Horizontal metropolis: Issues and challenges of a new urban ecology », dans P. Viganò, C. Cavalieri et M. Barcelloni Corte (dir.), The Horizontal Metropolis Between Urbanism and Urbanization (p. 269–281), Cham (Suisse), Springer.

Doron, G. M. (2008). « '…those marvelous empty zones at the edge of cities' : Heterotopia and the 'dead zone' », dans M. Dehaene et L. de Cauter (dir.), Heterotopia and the City : PublicSpace in a Postcivil Society (p. 202–213), Londres, Routledge.

Freehill-Maye, L. (2016), « Montreal’s green alleyways take visitors backstage », The New York Times, October 27

Marotte, B. (2018), « Montreal’s green laneway trend is paved with good intentions », The Globe and Mail, August 3

Rivlin, L. G. (2007). « Found spaces: freedom of choice in public life », dans K. A. Franck et Q. Stevens (dir.), Loose Space: Diversity and Possibility in Urban Life (p. 38–53), New York, Routledge.

Regroupement des éco-quartiers (REQ, 2018). « Les programmes locaux d’implantation de ruelles vertes à Montréal », Ville de Montréal and REQ.

Pour voir des photos d’implantations de ruelles à Vancouver: « Viva Vancouver Flickr »

On peut trouver des vidéos sur les ruelles vertes de Montréal à : « Ruelles vertes de Montréal »

Des articles dans « Éducation relative à l’environnement »

Introduction
Émilie Hamou
Vikram Bhatt
Eve Lortie-Fournier, Directrice, Regroupement des éco-quartiers, Montréal.

Membres du jury
Brigitte Shim, Shim-Sutcliffe Architects
Olivier Lajeunesse-Travers, Microclimat
Fanie St-Michel, Conscience urbaine
Mikael St-Pierre, Écologie urbaine