Dans le second volet de Dans la postcolonie, un cycle thématique de trois ans organisé dans le cadre du Programme du CCA pour les étudiants à la maîtrise, les participants de l’édition 2021 se sont tourné vers le rôle qu’a eu et qu’a toujours le Traité 72, et celui plus général du processus de création de traités, en tant que mécanisme juridique dans le façonnement des manières dont l’architecture coloniale est construite et conçue.

En 1836, la Couronne britannique convainc la Nation Saugeen Ojibway (SON) (composée de la Première Nation Saugeen et des Chippewas de la Première Nation Non-cédée Nawash) de leur donner leur territoire de 1,5 millions d’acres au sud de ce qui est aujourd’hui Owen Sound, en Ontario. En échange, la Couronne fait la promesse de protéger la Péninsule Saugeen (Bruce) à perpétuité. Cependant, dix-huit courtes années plus tard, en 1854, la Couronne, clamant qu’elle ne peut plus protéger les territoires de la SON du « développement » colonial, demande la signature du Traité 72. Ces événements précipités sont devenus des points de controverse importants dans les revendications de titres et de traités faites par la SON à la Cour supérieure de l’Ontario en avril 2019. Ces revendications, qui consistent en différentes formes de recours contre le Canada et l’Ontario pour avoir failli à protéger les territoires traditionnels et les eaux de la SON, et le fait que le dossier soit jugé très prochainement, démontrent les façons dont la création de traités au sein de l’État colonial qu’est le Canada a des conséquences aujourd’hui dans la vie des communautés autochtones et des colonisateurs.

À l’été 2021, les participants au Programme du CCA pour les étudiants à la maîtrise, en conversation avec des architectes, activistes et chercheurs autochtones et non-autochtones, ont créé une ressource de recherche à long terme prenant la forme d’une série de sept entrevues sur l’élaboration de traités et l’architecture, dont les transcriptions entreront dans la Collection du CCA et appuieront la création de futurs matériel d’archives rédigés par des personnes autochtones.

Dans la postcolonie : Infrastructures de conception de tous les jours est un cycle thématique de 3 ans qui examine la façon dont l’architecture et l’urbanisme continuent de répondre aux longs échos des pratiques coloniales de dépossession spatiale. Chaque été, un groupe de 3 étudiants à la maîtrise se focalisent sur un territoire spécifique qui continue d’être soumis à ce qu’Achille Mbembe décrit comme les résonances de la « banalité du pouvoir » : des infrastructures de tous les jours qui façonnent la vie publique. Combinant échelles de temps et géographies, ce cycle thématique s’articule autour de la complicité des conceptions architecturales et urbaines avec les dynamiques de pouvoir coloniales et postcoloniales, tout en offrant un potentiel d’émancipation à travers la projection d’espaces plus équitables dédiés à l’engagement public.

Sofia Munera Mora
University of Toronto, Canada

Aamirah Nakhuda
Université McGill, Canada

Aidan Qualizza
University of Toronto, Canada