Contexte : Les quatre vies de Pointe-Saint-Charles
Ainsi que l’indique Pieter Sijpkes dans Grass Roots, Grey Stones and Glass Towers, au chapitre intitulé « The four lives of Pointe St. Charles », la municipalité façonne aujourd’hui sa quatrième vie. Au cours de sa première vie, la ville était un campement qu’utilisaient les tribus des Premières Nations. Dans sa seconde vie, Pointe-Saint-Charles était une région de fermes occupée par des communautés religieuses; la ville est devenue, au cours de sa troisième vie, l’authentique cœur canadien du transport, de l’industrie lourde, et un quartier habité par les ouvriers de l’industrie. Aujourd’hui, on se demande « quelle devrait être sa quatrième vie ? » Des transformations majeures sont survenues au cours des cinquante dernières années dans la région de Pointe-Saint-Charles, et tout le long du canal de Lachine. L’industrie lourde et les activités manufacturières ont presque totalement déménagé, cédant la place à des espaces verts, très fréquentés, le long du canal. Cette situation a favorisé la reconversion des usines en habitations (à l’exemple des édifices Redpath, Belding Corticelli, Stelco, et bientôt, celui de Northern Electric). Toute activité de construction de bâtiments ferroviaires et de réaménagement ayant cessé à Pointe-Saint-Charles depuis 2002, il s’est formé une vaste étendue de terrains en friche et un bassin d’édifices qu’étudient aujourd’hui les nombreuses parties intéressées. La population de Pointe-Saint-Charles a radicalement changé : elle est passée de 35 00 habitants, qui vivaient là aux beaux jours de l’ère industrielle, dans les années 1950, à environ 13 000 habitants aujourd’hui. L’afflux de nouveaux venus d’origines diverses a transformé le tissu social premier, constitué de Canadiens français qui vivaient au nord des voies, et d’immigrants irlandais, au sud. Peu à peu, la population, à l’origine formée d’une classe ouvrière, s’est enrichie de jeunes professionnels, étudiants et personnes plus âgées, qui ont apporté une plus grande diversité sociale. La quatrième vocation de la région va largement dépendre de la façon dont sera aménagé le terrain autour du bassin Peel et sur les biens-fonds ferroviaires. Comme nous l’indiquions plus tôt, le projet présenté par le Casino et le Cirque du Soleil s’est heurté à l’opposition bien menée de groupes communautaires, tels RESO et Table de concertation de Pointe-Saint-Charles. Presque tous les cercles rejettent avec raison le projet actuel d’installer un Wal-Mart sur le site du bassin Peel. Imaginez : un Wal-Mart à portée de vue de la Place Ville-Marie ! La question n’est donc plus seulement de savoir quelle sorte de Pointe-Saint-Charles sud-ouest nous sommes en train de créer, mais de définir quelle sorte de Montréal nous souhaitons. Bien sûr, cet emplacement, et ce terrain inoccupé qu’est le « croissant vert » adjacent, offrent aujourd’hui la possibilité exceptionnelle d’enrichir, plutôt que de l’appauvrir, la qualité de vie du centre-ville de Montréal. À cet égard, le lecteur devrait consulter le très intéressant « rapport Bouchard » qu’a récemment fait paraître la Société du Havre de Montréal. |
Le chapitre intitulé « The four lives of Pointe St. Charles », de P. Sijpkes. M. Bourgeoys. Image tirée du site Web de l’UQAM.
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