Au cours des années 2018-2020, nous travaillons avec Kayoko Ota – une commissaire et éditrice spécialisée en architecture basée à Tokyo, ayant assumé le commissariat du pavillon japonais lors de la Biennale de Venise en 2014 –, pour développer des recherches et encourager la participation du public à nos projets à Tokyo.

Pour lancer c/o Tokyo, nous avons commandé un documentaire en plusieurs volets sur le phénomène posturbain au Japon. Visitant des petits villages et des îles minuscules loin de Tokyo, Ota étudie l’émergence d’un nouveau mode d’échange entre les architectes et les communautés rurales, au sein desquelles il remplace le système de commissionnement conventionnel. Le documentaire – qui donne la parole à Toyo Ito, Atelier Bow-Wow, Kazuyo Sejima, Toshikatsu Ienari et Hajime Ishikawa – a été présenté en première dans le cadre d’un projet éditorial en ligne plus large au sujet des villes non urbaines, apportant ainsi le point de vue d’une culture différente à des recherches menées par le CCA.

Il y a 40 ans, à l’époque du postmodernisme en Occident, plusieurs jeunes architectes japonais mettent en cause leur statu quo professionnel en soumettant des propositions expérimentales pour des habitations et de grandes structures. Dans un Japon qui se tourne vers les consommateurs et la dérégulation, ces architectes tentent de libérer l’architecture d’un régime de conventions importées et de préoccupations modernistes. « Pendant ce temps au Japon », série d’entrevues et de conversations qui documentent cette époque selon un nouveau point de vue, interroge les luttes générationnelles actuelles afin de redéfinir l’architecture au Japon.

Hiroshi Hara, Toyo Ito et Itsuko Hasegawa sont les protagonistes de trois séances. Avant chacune d’elle, Kayoko Ota s’est joint à Kozo Kadowaki, Koji Ichikawa, Yutaro Muraji et Mikio Wakabayashi – des spécialistes de divers domaines tels que la conception de systèmes, l’histoire de l’architecture asiatique moderne et l’urbanisme, l’entreprenariat social et la sociologie –, afin mettre en lumière le travail réalisé par chaque protagoniste entre la fin des années 1970 et le début des années 1990. L’équipe multidisciplinaire a demandé à l’architecte interrogé de montrer non seulement des œuvres architecturales mais aussi des notes d’archives, des photographies et autres documents qui témoignent de ses réflexions et activités parallèles. Fondée sur cette recherche, chaque séance a permis de cerner « une interrogation intime » avec le protagoniste, suivie par une discussion élargie avec d’autres critiques invités.

Chacune des trois séances s’est tenue dans un lieu où le protagoniste conserve ses archives ou maintient un attachement personnel à un moment particulier dans l’histoire. Puisque ces petits espaces intimes hébergent les travaux d’une recherche en cours, les sessions ont été fermées au public. Leurs résultats sont présentés ici, sur le site Web, ainsi que dans trois livres qui documentent les entretiens, les discussions et les archives d’Itsuko Hasegawa, de Hiroshi Hara et de Toyo Ito.

Des articles sont également parus dans le cadre de ces recherches: Une architecte qui travaille avec les citoyens, article dans lequel Kozo Kadowaki traite du Centre culturel Shonandai d’Itsuko Hasegawa, Combler un gouffre, un article de Koji Ichikawa sur le travail expérimental que Toyo Ito a réalisé dans le cadre du Groupe d’étude sur le logement marchandisé, ainsi qu’Ouvrir des brèches dans l’espace moderne, où Mikio Wakabayashi interroge les pensées et les actions de Hiroshi Hara.

On sait que l’architecture japonaise de cette époque englobe l’émergence simultanée de diverses expressions d’architecture expérimentale. Si les œuvres architecturales jouissent d’une reconnaissance internationale, dont témoignent par exemple les écrits de Charles Jencks et de Kenneth Frampton, le discours s’en tient au plan formel. « Pendant ce temps au Japon » tente de dévoiler les visées et les stratégies des architectes, par delà les simples préoccupations de forme et vers le paysage qui se modernise et s’urbanise rapidement, afin d’examiner les tactiques qui ont fonctionné et celles qui ont échoué, les visions qui ont survécu et les leçons qu’on peut en tirer.

Discussion de maquettes est une série de trois courtes vidéos qui présente des projets récents de Kazuko Akamatsu, Kumiko Inui et Erika Nakagawa, issus des conditions urbaines contemporaines au Japon.

Les approches socialement engagées en architecture, notamment la conception participative, la reprogrammation et l’intervention minimale, sont de plus en plus courantes, mais donnent souvent lieu à des résultats prévisibles. Cette série se concentre plutôt sur des œuvres qui remettent en question les conventions dans le but d’aborder les enjeux urbains actuels. Elle utilise les particularités de la vidéo comme format pour transmettre les idées qui définissent ces œuvres.

Dans chaque vidéo — conçue par Kayoko Ota et réalisée par Studio GROSS (Tokyo et Berlin) — une architecte utilise une maquette pour présenter les problèmes, les concepts et les propositions inventives qui sous-tendent son œuvre. Discussion de maquettes cherche à illustrer des concepts architecturaux et à les rendre plus facilement accessibles en offrant une plateforme à trois architectes qui travaillent sur des défis contemporains pour leur permettre d’exprimer leurs propositions.