Déchets, détritus, récupération
Extraits d’une table ronde avec André Guillerme
La récupération des matériaux de construction est courante à Paris, mais elle a tendance à se déployer et à devenir totale dans le dernier tiers du XVIIIe siècle avec le développement des chiffonniers, et avec la forte demande artisanale, industrielle et étatique. Ces matières ont des qualités éprouvées – endurance, résistance – pour l’usage constructif; elles sont porteuses de valeurs et d’esprits transmissibles; elles sont recyclées dans la réparation.
Une matière vivante
Mauvais vent, mauvaise pluie, vermine; le chiquetage gonfle et craque, le béton de chaux grasse se décompose : on accuse la fatalité. Des fémurs, des côtes – matière aussi vivante que les cailloux – tirés des abattoirs, mélangés à de la terre et recouverts d’un enduit de vieux plâtre ou de la cendre mélangée avec la vieille chaux, bouchent le trou qui se reformera, plus grand, quelques années plus tard. Les huisseries pourries par l’humidité permanente des rez-de-chaussée, sont réparées par petits morceaux ajustés et bouchées avec du mastic.
L’atelier d’équarrissage de Dussaussois à Montfaucon, Paris, Jean-Gabriel-Victor de Moléon, Recherches et considérations sur l’enlèvement et l’emploi des chevaux morts, 1827, pl. 12. Reproduit dans André Guillerme, La naissance de l’industrie à Paris: entre sueurs et vapeurs, 1780-1830, 2007, p.118