C’était le futur

Tout dessin de conception architecturale constitue en soi une projection dans l’avenir, mais certaines projections dépassent leur contexte immédiat pour révéler quelque chose de plus vaste – et de particulièrement pertinent pour leur époque. Les courants d’angoisse ou d’optimisme qui traversent les moments présentés dans ce dossier sont certes identifiables, mais il ne faudrait pas se leurrer en pensant qu’ils sont familiers : il s’agit de futurs du passé, auxquels nous ne sommes jamais parvenus. Ils restent ainsi en suspens, révélant à notre esprit des axes possibles de compréhension des problématiques contemporaines.

C’était le futur

Tout dessin de conception architecturale constitue en soi une projection dans l’avenir, mais certaines projections dépassent leur contexte immédiat pour révéler quelque chose de plus vaste – et de particulièrement pertinent pour leur époque. Les courants d’angoisse ou d’optimisme qui traversent les moments présentés dans ce dossier sont certes identifiables, mais il ne faudrait pas se leurrer en pensant qu’ils sont familiers : il s’agit de futurs du passé, auxquels nous ne sommes jamais parvenus. Ils restent ainsi en suspens, révélant à notre esprit des axes possibles de compréhension des problématiques contemporaines.

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2011 : StackView / ShelfLife

Une entrevue avec Jeff Goldenson et David Weinberger

Richard Pare, photographe. Vue de la bibliothèque centrale Kitakyushu, Japon, 1993. PH1999:0444

Cerys Wilson a écrit à Jeff Goldenson et à David Weinberger, du Harvard Library Innovation Laboratory. Tous deux étudient l’avenir des bibliothèques à l’ère numérique; ils discutent ici de récentes applications de recherche en bibliothèque, StackView et ShelfLife.

CW
Les programmes StackView and ShelfLife visent à promouvoir et à améliorer la recherche grâce à un « heureux hasard structuré ». Comment les architectures numériques et physiques pourront-elles coexister dans les futures bibliothèques?_
JG
Lorsque j’effectue des recherches sur Google, j’ai souvent l’impression de plonger dans un tunnel. À chaque recherche, je peux avancer, mais non me déplacer latéralement. Cela dit, quand j’utilise StreetView, je circule dans la rue en cherchant le signe réel d’un lieu dont j’ai oublié le nom. Cette application m’aide à trouver ce que j’ignore en me dirigeant droit vers ce que je cherche dans une autre direction. Elles me permettent de voir les choses en contexte. Dans les bibliothèques, il arrive qu’on passe à côté des choses. Mais avec les cotes bibliographiques, je ne suis pas pris au piège dans ces tunnels innombrables. Je peux me déplacer latéralement à partir des métadonnées des catalogueurs.

Les livres s’expriment de façons différentes. Il est de toute évidence difficile de concevoir l’heureux hasard, mais StackView s’efforce d’offrir aux utilisateurs des « informations d’exploration » qu’ils obtiendraient s’ils se trouvaient dans les rayons d’une véritable bibliothèque. Pour ma part, j’aime à voir l’usure de la jaquette du livre, l’art ou la police de caractère utilisée sur le dos du livre, autant d’information non comprise dans les données, mais essentielles à la consultation. L’application StackView ne permet pas de voir ces choses, mais elle donne accès à d’autres informations, comme la dimension ou le nombre de pages. Dans une véritable bibliothèque, si je me trouve dans la zone de la cote NA2500 (architecture), tout livre long et mince est probablement une monographie, alors qu’un petit livre épais signale un essai théorique. Avec StackView, on peut prendre des décisions fondées sur ce point de données et poursuivre en faisant la lumière sur l’histoire des volumes. Nous associons la couleur du livre à la façon dont la communauté l’a utilisé – combien de fois il a été emprunté ou réservé, et combien de fois on en a demandé le retour.

StackView est autant un graphique d’information qu’une interface. Il est essentiel de savoir jusqu’à quel point on devrait s’efforcer de représenter la réalité. Jusqu’où peut-on aller dans cette représentation abstraite? La question du skeuomorphisme, c’est-à-dire de la représentation des objets sur écran pour que ces objets aient l’air vrais, est glissante. À quel moment la représentation graphique du livre en tant que livre devient-elle trop séduisante? Je n’en suis pas sûr. Si l’objectif est l’heureux hasard, je ne crois pas nécessaire d’aller plus loin.
DW
Harvard possède 73 bibliothèques. Si StackView consiste à montrer les choses dans leur contexte, ShelfLife présume que les livres ont toujours un contexte. Dès l’origine, on a conçu ShelfLife pour intégrer des ouvrages et montrer une étagère virtuelle composée de livres provenant de toutes les bibliothèques de Harvard – étagère qui n’existe en réalité nulle part dans le système. Puisqu’il est facile d’apprendre à explorer et à conceptualiser la représentation visuelle d’une étagère, il est absurde de reproduire les limitations inhérentes à la disposition physique. Pourquoi ne retenir qu’un seul principe d’organisation? ShelfLife permet plutôt à l’utilisateur de passer en revue n’importe quel nombre de facettes. Il peut choisir de voir un ouvrage sur une étagère où s’alignent les cotes, ou d’autres œuvres sous la même classification, ou des livres étiquetés de la même façon, ou des publications fréquemment consultées ensemble, etc. StackView permet cette refactorisation rapide.

Le Harvard Library Innovation Lab cherche à conférer à l’espace physique certains des heureux hasards aujourd’hui accessibles dans le monde numérique. Au laboratoire, nous nous sommes demandé à quoi ressemblerait l’expérience de l’utilisateur circulant dans les rayons physiques avec une tablette équipée d’une des dernières versions de ShelfLife. La tablette saurait où se trouve l’utilisateur et lui donnerait, dans StackView, une vue de l’étagère qu’il cherche. Il pourrait voir la cartographie de l’étagère, explorer un ouvrage qui l’intéresse, ou voir cet ouvrage sur une étagère virtuelle constituée à partir d’une organisation différente, qui n’est pas celle des cotes. En ajoutant une couche sociale à ShelfLife – et en améliorant peut-être StackView pour que l’information sociale s’affiche – on pourrait obtenir de nouvelles couches d’information sur l’étagère physique recherchée. Qu’il s’agisse ou non de ShelfLife ou de StackView, il semble presque sûr que la réalité amplifiée permettra d’obtenir dans un espace physique l’heureux hasard structuré que nous tenons pour acquis dans les espaces numériques. Cet heureux hasard devrait être structuré de façon à refléter fidèlement les intérêts du moment de l’utilisateur. Parfois, celui-ci souhaite approfondir ses recherches et d’autres fois, les élargir. Parfois, il veut explorer les similarités à partir d’un seul vecteur, et le moment d’après, il veut changer de vecteur. Il ne s’agit pas d’une situation aléatoire, mais réactive.
CW
Les applications StackView et ShelfLife pourraient-elles réanimer les rayons physiques des bibliothèques-espaces publiques, qui tendent aujourd’hui à consacrer plus de salles aux ordinateurs et à la socialisation, souvent au détriment des livres réels?_
JG
Combler le fossé numérique est en effet devenu une nouvelle fonction civique essentielle pour les bibliothèques-espaces publiques; au fil du temps, cette fonction s’enracine dans la psyché communautaire. Je crois que nous pouvons certainement convertir les plus jeunes usagers de bibliothèque à la logique cachée du catalogage qui explique quel livre suit un autre. Pour les jeunes qui utilisent la recherche comme principal mécanisme de découverte d’information, retenir l’identité des bibliothèques comme environnement de recherche, comme lieu où aller pour découvrir de nouvelles choses ou être guidés vers elles semble être une association que les bibliothèques ont l’occasion de cimenter. Ainsi, « l’ancienne » signification des bibliothèques peut nous aider à nous orienter vers la nouvelle si celles-ci disposent d’un espace de rassemblement et de programmation sociale, ainsi que d’espaces dotés des outils et du savoir-faire nécessaires pour faciliter la production d’information. En ce qui concerne la réanimation des rayons de livres physiques des librairies communautaires, au laboratoire d’essai de la bibliothèque de Harvard, nous avons récemment discuté de la manière de réanimer les rayons pour en faire un lieu où les gens souhaitent aller. Pourraient-ils être un lieu numérique amplifié qui permettrait d’explorer l’information plus spatialisée ou sur Internet? Le plus curieux, c’est que l’ordre des rayons découle du système de classement Dewey ou de celui de la Bibliothèque du Congrès, qui sont des moyens de classer les ouvrages par sujet. Cela signifie que les cartes de rayons que vous voyez à la bibliothèque représentent la connaissance cartographiée dans l’espace physique. Que serait un Internet qui, plutôt que d’être classé par adresse IP, serait organisé selon le système décimal Dewey? Peut-être pourrions-nous créer un environnement de rayons de livres et de documents multimédias, dans lequel nous pourrions pénétrer; dans lequel les bibliothécaires cartographieraient l’Internet à partir des sujets du système Dewey, afin que les utilisateurs de bibliothèques puissent se déplacer latéralement…

Cerys Wilson était stagiaire curatorial en 2011-2012.

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