1954 : Pouvoir
Une peinture tirée d'un rapport annuel de Seagrams Limited
Les travaux de construction de la voie maritime du Saint-Laurent et de la centrale hydroélectrique Moses-Saunders, commencent en 1954. Investissement massif en travaux publics exigeant la coopération des gouvernements canadien et américain, l’entreprise prévoit l’ajout d’écluses et de barrages, de même que le creusement des canaux, tout au long de la voie navigable entre l’Atlantique et les Grands Lacs.
La même année, Seagrams Limited consacre son rapport annuel au thème de la voie maritime et republie une partie du rapport sous forme d’une petite plaquette traitant du projet. « Nous avons senti que le monde des affaires canadien ne se prévaut pas simplement d’un privilège, mais remplit également un devoir en regardant au-delà des limites étroites de ses propres intérêts », explique en introduction Samuel Bronfman, président de l’entreprise. La pièce maîtresse de la plaquette est un encart à volet reproduisant une peinture panoramique de Grant Tigner, reproduite en intégralité ci-dessous.
Extrait de la plaquette (pages 8 et 9) :
Le projet de voie maritime du Saint-Laurent et de centrale hydroélectrique est l’une de ces entreprises [de collaboration harmonieuse] tellement imaginatives dans leur conception et vastes dans leur ampleur, que tout adjectif visant à les décrire ne pourrait qu’en atténuer la grandeur. À la vérité, jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité un seul ouvrage d’ingénierie n’aura agrégé, à travers un tel grand dessein, autant d’éléments interdépendants de la vie d’un continent. C’est une initiative qui non seulement donne le ton pour l’avenir, mais qui accomplit, complète, couronne l’histoire des quatre siècles écoulés. Il s’agit de la réalisation pleine et entière d’un rêve imaginé à l’origine par des hommes qui ignoraient tout des navires à vapeur et de l’hydroélectricité… Mais ils étaient hommes, ces pionniers, comme tous les grands de toutes les époques et de tous les pays, à refuser d’être limités par le présent ou découragés par l’inconnu. Certes, ils n’avaient que peu de ressources techniques à leur disposition; mais leur vision et leur audace leur ont fait plus que quadrupler la taille du monde civilisé. Ce n’est qu’à l’aune de leur imagination et de leur travail que la magnificence du projet de voie maritime du Saint-Laurent et de centrale hydroélectrique peut être mesurée.
Ce document est présenté dans notre exposition Le temps presse, qui explore les visions souvent conflictuelles et contradictoires que les Canadiens entretiennent envers l’environnement « naturel ».