Observations actives

Comment la photographie peut-elle catalyser des changements significatifs pour l’architecture et pour le monde? Comment la photographie est-elle utilisée comme preuve, témoin ou outil de négociation? Peut-elle forger un sentiment de responsabilité commune envers et entre les sujets qu’elle représente, qu’il s’agisse de bâtiments ou de personnes? Avec ce dossier Web, nous cherchons à activer des conversations à propos du rôle omniprésent des images pour donner un sens aux environnements naturels et bâtis en observant en observant les conditions et les situations dans lesquelles la photographie agit pour préserver, modifier ou défendre des bâtiments, des paysages et des communautés.

Article 2 de 2

Murs blancs et tuiles noires

Taro Cai et Peter Sealy sur la manière dont la photographie de voyage a recadré l'esthétique des jardins chinois

Le jardin du Maître des filets de pêche, un jardin emblématique de Suzhou qui illustre le style « murs blancs et tuiles noires ». Photographie par Taro Cai

L’esthétique du fen qiang dai wa, ou « murs blancs et tuiles noires », définit l’architecture résidentielle traditionnelle de la région du Jiangnan, située dans le delta inférieur du Yangzi, en Chine. Fen et dai, ou noir et blanc, sont des références aux couleurs de l’architecture vernaculaire de l’endroit, qui présente généralement une apparence plutôt modeste et austère contrastant avec les couleurs vives de l’architecture impériale chinoise. Le Jiangnan, où se trouvent des villes comme Suzhou, Yangzhou, Nanjing et Shanghai, est depuis longtemps l’un des centres culturels et économiques du pays. Aujourd’hui, ses « murs blancs et tuiles noires » constituent un modèle symbolique pour la région, façonnant les codes visuels de la pratique architecturale et l’environnement bâti au sens large. Son style blanc et noir emblématique domine la conservation historique et l’approche contemporaine plus généralement, comme c’est le cas avec le musée de Suzhou, d’I.M. Pei (2006). Portée à un extrême, cette esthétique a établi une norme visuelle idéalisée pour la récente initiative « belle campagne » menée en Chine, influençant les choix conceptuels jusque dans des régions lointaines comme le Xinjiang1.

Les architectes modernes ont joué un rôle significatif dans la popularisation et l’institutionnalisation du fen qiang dai wa. Leur intérêt pour cette esthétique commence vraisemblablement lorsque des architectes chinois formés aux États-Unis, dont Liang Sicheng et Lin Huiyin, rentrent en Chine dans les années 1920 et 1930 et entreprennent d’étudier l’architecture chinoise traditionnelle. Parmi eux, Tong Jun mène les premières observations des jardins encore existants dans la région du Jiangnan, y compris ceux de Suzhou2. Généralement considérés comme les plus beaux exemples d’aménagement paysager en Chine, les jardins de Suzhou avaient été entretenus par les lettrés, l’élite érudite chinoise3. Des recherches récentes démontrent que des architectes chinois novateurs ont adapté, converti et modernisé les jardins et l’architecture de Suzhou en s’inspirant des systèmes de design occidentaux, notamment les beaux-arts et le Bauhaus, ouvrant la voie à une nouvelle conception de l’espace architectural chinois qui serait à la fois moderne et national4. Dans le même temps, ces architectes établissent des parallèles entre l’architecture du Jiangnan et la peinture à l’encre traditionnelle chinoise, qui fait uniquement appel au noir, au blanc et au gris, pour réaffirmer l’importance et la légitimité artistique ancestrales de cette combinaison de couleurs.

Cependant, la popularité moderne des murs blancs et tuiles noires est – du moins en partie – le résultat d’une interprétation erronée ou d’une relecture créative du style influencé par la photographie en noir et blanc, qui produit des images idéalisées, monochromes, des surfaces et espaces architecturaux. L’incidence de la photographie noir et blanc sur la pensée et la pratique conceptuelles contemporaines ne se limite pas à l’architecture chinoise – c’est l’un des impacts les plus déterminants et planétaires de cette technique sur la discipline. Des universitaires comme Barry Bergdoll, Robert Elwall et Claire Zimmerman ont documenté la capacité qu’a la photographie de générer, appuyer et diffuser des concepts spatiaux modernes5. Ce qui relie les exemples hétérogènes qu’ils évoquent aux photographies de « murs blancs et tuiles noires », objets du présent article, est la tendance qu’a l’objectif à magnifier certains attributs architecturaux et à en occulter d’autres.


  1. La notion de « belle campagne » a été mise en avant dans le document central no 1 en 2013 et visait à moderniser la nouvelle campagne socialiste chinoise. Le document proposait de « stimuler la construction écologique rurale, la protection de l’environnement et l’assainissement complet, dans le but d’établir une belle campagne ».  

  2. Voir Tong Jun, “Chinese Gardens in Kiangsu and Chekiang,” Zao yuan shi gang, Beijing, Zhongguo jian zhu gong ye chu ban she, 1983; et Jiangnan yuanlin zhi [Un record des jardins Jian Nan], Beijing, Zhongguo gong ye chu ban she, 1984. 

  3. Sur les études de Suzhou et autres jardins des lettrés, voir Dunzhen Liu, Suzhou Classical Garden, Beijing, Zhongguo jian zhu gong ye chu ban she : Xin hua shu dian Beijing fa xing suo fa xing, 1979; Alfreda Murck, &A Chinese Garden Court: The Astor Court at the Metropolitan Museum of Art, New York, The Metropolitan Museum of Art, 1980; Ron Henderson, The Gardens of Suzhou*, Philadelphie, University of Pennsylvania Press, 2013. 

  4. Lu Andong a étudié la restauration du Jardin persistant de Suzhou dans les années 1950, pour lequel les cloisons intérieures du bâtiment ont été retirées afin de créer une vue panoramique environnante dégagée. Voir « Lost in Translation: Modernist Interpretation of the Chinese Garden as Experiential Space and Its Assumptions », The Journal of Architecture 16, No. 4 (2011), p. 499–527 et « Yinmi de zhuanbian : dui 20 shiji liuyuan bianqian de kongjian fenxi », Jian zhu xue bao, No. 1 (2016), p. 17–23. 

  5. Voir Barry Bergdoll à propos du montage de photographies d’Édouard Baldus préfigurant le dégagement haussmannien dans « Une question de temps : architectes et photographes pendant le Second Empire », dans Édouard Baldus, photographe, dir. Malcolm Daniel, Montréal et New York, Centre Canadien d’Architecture et Metropolitan Museum of Art, 1994, p. 98–119; Robert Elwall, Photography Takes Command: The Camera and British Architecture, 1890–1939, Londres, RIBA Heinz Gallery, 1994; et les études de Claire Zimmerman sur l’interaction souvent complexe entre photographie et architecture modernistes dans l’Allemagne du XXe siècle, dans Photographic Architecture in the Twentieth Century, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2014. 

Le musée de Suzhou d’I.M. Pei (2006), qui s’inspire du langage visuel et des éléments architecturaux des jardins de Suzhou. Photographie par Taro Cai

La mention des murs blancs fait son apparition dans un article en anglais de 1936 écrit par l’architecte chinois Tong Jun pour le T’ien Hsia Monthly, l’une des premières réflexions dans cette langue sur les jardins de Suzhou et une référence incontournable pour les chercheurs et architectes occidentaux1. Tong y explique : « Le mur de jardin en Chine du sud est invariablement blanchi à la chaux. Il se prête admirablement au reflet de l’ombre des bambous que projette sur lui la lumière du soleil ou de la lune. Le blanc, assorti de feuillage vert et de tuiles et boiseries noires, est l’une des couleurs dominantes du jardin chinois2 ». Dans la foulée des travaux de Tong, nombre d’historiens américains et européens vont s’emparer de cette expression, décrivant les murs blancs de l’architecture et des jardins vernaculaires de Suzhou comme une toile exposant le jeu entre ombre et lumière. Dans son ouvrage de référence The Chinese Garden, paru en 1978, Maggie Keswick évoque Suzhou comme « une ville de maisons chaulées sur un réseau de canaux3 ».

Toutefois, voyager en Chine, en particulier au début du XXe siècle, est une entreprise complexe – si ce n’est impossible – pour tous les chercheurs et architectes occidentaux, hormis les plus aventureux. La plupart des études sur l’architecture chinoise s’appuient alors sur une documentation secondaire, des esquisses et, plus utiles, des photographies, principalement en noir et blanc. Depuis ses débuts, la photographie joue un rôle essentiel en tant qu’outil pour la recherche architecturale, car elle produit des images transportables qui vont aiguiser l’intérêt du public métropolitain pour des édifices et espaces de contrées lointaines. L’image photographique la plus ancienne connue dans les pages d’un périodique d’architecture est celle du mausolée des Orléans à Dreux, en France, publiée dans The Builder en 1845. Cette gravure sur bois de fil a été réalisée à partir d’une plaque daguerréotype obtenue par Thomas Leverton Donaldson, cofondateur du RIBA4.

La photographie va permettre de mener à bien nombre des premières tentatives d’histoire internationale de l’architecture, comme avec A History of Architecture in All Countries from the Earliest Times to the Present Day (1862–1867), de Robert Fergusson. Ainsi que le note Robert Elwall, « L’Histoire de Fergusson n’aurait tout simplement pas été concevable sans la photographie5». Parmi ses nombreuses sources, on trouve les photographies prises en Chine par Felice Beato. La photographie concourt également à la production d’études, tel l’essai de Viollet-le-Duc sur les origines raciales de l’architecture mésoaméricaine dans Cités et ruines américaines (1862) de Désiré Charnay, ainsi que dans L’Art russe (1877), écrit par l’architecte lui-même6. Viollet-le-Duc conviendra que ses observations dans Cités et ruines sont le fruit d’une étude approfondie des photographies de Charnay7. Lauren O’Connell le constate : « La photographie devient la source principale de cette histoire, et les informations récoltées dans les images servent à confirmer ou corriger celles trouvées dans les textes8». Tant chez Fergusson que chez Viollet-le-Duc, la photographie peut être conçue comme – et est réputée l’être – une source d’éléments de preuve étayant, et donc accréditant la narrativisation intrinsèque à la démarche historique. Néanmoins, de tels emprunts sont loin d’être transparents et servent souvent de justification à des préjugés culturels et esthétiques.


  1. Tong Jun, « Chinese Gardens in Kiangsu and Chekiang », T’ien Hsia Monthly, no 3 (1936), p. 220–244. 

  2. Ibid., p. 231. 

  3. Maggie Keswick, The Chinese Garden : History, Art, and Architecture, Cambridge, MA, Harvard University Press, 1978, p. 16. 

  4. Sur l’estampe de Dreux, voir Peter Sealy, « After a Photograph, Before Photography (Takes Command) », *The Journal of Architecture 21, No. 6 (2016), p. 911–913. 

  5. Robert Elwall, « James Fergusson (1806–1886) : A Pioneering Architectural Historian », RSA Journal 139 No. 5418 (1991). 

  6. Sur Fergusson, voir Elwall, « James Fergusson ». Sur Viollet-le-Duc, voir Lauren M. O’Connell, « Viollet-le-Duc on Drawing, Photography, and the “Space Outside the Frame” », History of Photography 22, No. 2 (1998), p. 139–146. 

  7. Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, « Antiquités américaines », dans Cités et ruines américaines : Mitla, Palenqué, Izamal, Chichen-Itza, Uxmal : recueillies et photographiées par Désiré Charnay, Paris, Gide et A. Morel, 1863, p. 4–5. 

  8. O’Connell, « Viollet-le-Duc on Drawing», p. 142. 

Les premières photographies des jardins chinois sont en noir et blanc, la photographie en couleur se buttant à de multiples limites techniques. Elles sont l’œuvre de missionnaires jésuites, d’amateurs d’art et de diplomates (ou de leurs femmes)1. Florence Lee Powell, autrice et photographe, explique que la photographie noir et blanc est pour elle un véhicule de prédilection pour documenter l’expérience d’une déambulation dans les jardins chinois, la technique donnant « une image plus fidèle des jardins, qui ne sont pas des études aux couleurs vives et exotiques, mais des poèmes de nuances dans les tons apaisés du gris des pierres et des murs d’enclos2 ». Peut-être ses lecteurs peuvent-ils ainsi éviter de se laisser distraire par la gamme des couleurs présentes dans les jardins chinois? L’aspect monochrome de ces lieux dans les publications, dont celle de Powell, les situe sans doute plus dans les perceptions occidentales des jardins de pierre japonais, alors considérés comme « modernes » à cause de leurs espaces libres, leurs perspectives encadrées et leur esthétique sobre. Walter Gropius, dans son essai de 1960 sur la villa Katsura, illustré de photographies de Yasuhiro Ishimoto, met en avant ce qui est sans doute l’interprétation la plus célèbre des caractéristiques modernes des jardins japonais3.

Dans la deuxième moitié du XXe siècle, la photographie couleur va devenir plus accessible et son usage, se démocratiser. Malgré tout, nombreux sont les photographes – et parmi eux, surtout des architectes – qui continuent à immortaliser les jardins de Suzhou en noir et blanc4. Ce choix de pellicule non seulement correspond à la palette de couleur de la peinture traditionnelle chinoise, mais sert également d’outil analytique pour décrypter le design spatial en parallaxe des jardins5. Des architectes théorisent cette conception comme un assemblage organisé d’axes visuels et de perspectives dont profite le mieux un sujet en mouvement6. De ce fait, ils analysent fréquemment les jardins chinois à l’aide d’un dessin de plan annoté accompagné de photographies ou esquisses prises à partir de points de vue numérotés.


  1. Sur les premières photographies de jardins chinois, voir Dorothy Graham, Chinese Gardens: Gardens of the Contemporary Scene: An Account of Their Design and Symbolism, New York, Dodd, Mead & Co., 1938; Henry Inn, Chinese Houses and Gardens, New York, Bonanza Books, 1950; Florence Lee Powell, In the Chinese Garden: A Photographic Tour of the Complete Chinese Garden, with Text Explaining Its Symbolism, as Seen in the Liu Yuan (the Liu Garden) and the Shih Tzu Lin (the Forest of Lions), Two Famous Chinese Gardens in the City of Soochow, Kiangsu Province, China, New York, The John Day Company, 1943; Osvald Sirén, China and Gardens of Europe of the Eighteenth Century, New York, Ronald Press, 1950; et Gardens of China, New York, Ronald Press Co., 1949. 

  2. Powell, In the Chinese Garden, p. 11. 

  3. Voir Walter Gropius, Kenzō Tange et Yasuhiro Ishimoto, Katsura : Tradition and Creation in Japanese Architecture, trad. Charles S. Terry, New Haven, Yale University Press, 1960. Sur les appropriations modernistes de Katsura, voir Yasufumi Nakamori, Katsura : Picturing Modernism in Japanese Architecture, Houston, Museum of Fine Arts, New Haven, 2010. 

  4. Wah Nan Chung, The Art of Chinese Gardens, Hong Kong, University Press, 1982. 

  5. Le débat sur les perspectives organisées dans les jardins chinois est sans doute influencé par la notion de parallaxe développée par Peter Collins et l’usage qu’il fait du film 35 mm pour ses analyses. Voir Peter Collins, Changing Ideals in Modern Architecture, 1750–1950, Montréal, McGill-Queen’s University Press, 1995; et « Parallax », Architectural Review, No. 132 (1962), p. 387–390.  

  6. Lu Andong, « Lost in Translation: Modernist Interpretation of the Chinese Garden as Experiential Space and Its Assumptions. », The Journal of Architecture 16, No. 4 (2001), p. 499–527.  

Couleur moussue d’un mur de jardin de Suzhou. Photographie par Taro Cai

Si la photographie en noir et blanc fait ressortir les effets d’ombre et de relation entre corps, architecture et espace dans les jardins de Suzhou, les photographies en couleurs de la même époque révèlent des caractéristiques très différentes. À l’étude des photographies de The Walls of Suzhou Gardens (2021), force est de constater que leurs murs ne sont peut-être pas si blancs qu’il y paraît1. Les photos de Binet saisissent la modulation des couleurs et les expressions variées de ces murs. Leurs surfaces cérusées sont des toiles où non seulement jouent la lumière et l’ombre, mais aussi où foisonne une coproduction organique entre pluies, mousses et lichens. D’après les écrits de la dynastie Ming, les résidents des jardins de Suzhou utilisaient la bouillie de riz et le liquide de poisson pour stimuler la croissance de la mousse et de la vigne; la préférence allait à une apparence reflétant les aléas du climat. Les premiers témoignages sur les jardins évoquent des murs gris, noirs même. Par exemple, dans son ouvrage de 1938 Chinese Gardens, Dorothy Graham dépeint Suzhou comme une ville « entourée d’une enceinte grise crénelée », dont le Jardin persistant possède des murs « noirs et hauts ». Pourtant, les quatre photographies des jardins de Suzhou dans le livre de Graham ne montrent aucun mur sombre de la sorte2.


  1. Juhani Pallasmaa, Hélène Binet: The Walls of Suzhou Gardens : A Photographic Journey, Zurich, Lars Müller Publishers, 2021. 

  2. Graham, Chinese Gardens, p. 77 et 93. 

Les disparités de teintes dans les « murs blancs » se retrouvent également dans les photographies en noir et blanc. Les images prises en 1918 par Osvald Sirén et en 1936 par Henry Inn des jardins de Suzhou sont parmi les premières à atteindre le public occidental1. Un examen plus attentif des murs de jardin dans les photographies d’Inn met en évidence les signes de l’action des éléments sur les surfaces autrement « blanches ». Afin de maximiser la clarté des détails architecturaux fondus dans l’ombre, le photographe a dû surexposer le négatif, décision ayant pour conséquence de blanchir les murs du jardin, donnant ainsi l’impression d’un espace incolore. Cette difficulté à rendre les moindres détails dans l’ombre est un problème pour la photographie d’architecture depuis ses origines, et a ici une incidence particulière, au-delà des questions de représentation2.


  1. Voir Inn, Chinese Houses and Gardens; et Sirén, Gardens of China

  2. C’est en ce sens qu’Henri Sirodot critique la première photographie publiée dans un périodique d’architecture en tant que tirage (et non gravure retouchée). Traitant de la calotypie représentant l’escalier François 1er au château de Blois en France, parue dans la Revue générale de l’architecture et des travaux publics (1856), il affirme : « [L’esprit] […] cherche et voudrait, dans ces ombres trop noires à son gré, voir apparaître le faisceau d’arabesques où s’enroule la voûte que forment les marches. Mais n’est-ce pas désirer l’impossible? » Voir Henri Sirodot, « Escalier de l’aile de François Ier au Château de Blois. Vue photographique », Revue générale de l’architecture et des travaux publics, No. 14 (1856), col. 216; et Peter Sealy, « From Object to Field: The Uses of Photography by Nineteenth-Century French Architects », dans A Companion to Nineteenth-Century Architecture, dir. Christina Contandriopoulos et Martin Bressani, Malden, Wiley-Blackwell, 2017, p. 6–8. 

Surface murale restaurée montrant un contraste distinct entre la chaux grise traditionnelle et un mur récemment repeint en latex blanc brillant. Photographie par Taro Cai

Alors que le design chinois du XXe siècle délaisse les ambitions impériales au profit d’une architecture et de jardins vernaculaires, ces derniers projets vont souvent être réinterprétés selon les canons occidentaux existants de la connaissance architecturale pour synthétiser, harmoniser et moderniser les styles de construction nationaux dans le cadre d’un discours disciplinaire internationalisé. Murs blancs et tuiles noires, mis en valeur par la photographie en noir et blanc, deviennent une esthétique idéalisée servant de véhicule à la modernisation et à l’édification nationale. Dans les faits, les murs noirs sont à cette période tout aussi populaires dans la région du Jiangnan, où l’on se sert couramment de peinture à base de charbon et de colle animale, tout comme la chaux pour les murs blancs1. Pourtant, suite à l’engouement contemporain pour les « murs blancs et tuiles noires », nombreux sont les murs noirs à avoir récemment été repeints. Dans beaucoup de nouveaux lotissements, on fait appel à de la peinture au latex pour extérieur pour créer l’apparence de murs blancs. Exigeant moins d’entretien, ces versions bon marché résistent aux altérations du temps que les photographies de Binet ont su rendre si joliment.

Somme toute, les entrelacements complexes entre photographie et esthétique des « murs blancs et tuiles noires » du Jiangnan mettent en relief le rôle déterminant de la première dans l’orientation des choix conceptuels, ainsi que dans l’histoire de l’architecture. Même s’il est communément reconnu comme un générateur instantané de documents, l’appareil photo transforme immanquablement le monde qu’il nous donne à voir.  


  1. Li Jianbo approfondit le sujet des murs noirs dans l’architecture du Zhejiang au Jiangnan dans son article de blogue « Peinture noire et mur noir : la vraie couleur des maisons de Shaoxing », https://www.douban.com/note/751308330/?_i=6679266TJDh3LX. 

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