Provenance
Photographies de Max Belcher
Au début du XIXe siècle, l’American Colonization Society ainsi que d’autres groupes ont encouragé des Noirs américains libres et d’anciens esclaves à émigrer au Libéria. Si certains cherchaient à abolir l’esclavage et à répandre un christianisme évangélique, d’autres ont appuyé cette émigration pour renforcer l’esclavage en éloignant les Noirs libres des États-Unis.
De 1816 à 1847, environ 17 000 colons ont entrepris ce voyage. Arrivés en Afrique de l’Ouest, ils ont fondé des villes, bâti des fermes et produit une culture dont les constructions reflétaient leurs origines. Les maisons, églises et autres bâtiments qu’ils ont érigés, ainsi que leur façon d’organiser la société libérienne, s’inspiraient de la culture qui les avait tenus en esclavage. Construisant des bâtiments dans un style largement hérité de l’Amérique méridionale, ces colons ont transféré, souvent inconsciemment et en toute innocence, les éléments palladiens présents dans l’architecture de la plantation. Simultanément, ils ont introduit en partie la hiérarchie telle qu’ils la connaissaient aux États-Unis, et ils sont devenus l’élite locale du Libéria où, jusque dans les années 1980, ils ont joué dans la société un rôle prépondérant.
Ces émigrés se sont servis de cette architecture particulière pour se distinguer et affirmer dans les communautés africaines leur patrimoine et leur culture. Plutôt que d’adopter les constructions traditionnelles à plan circulaire, ils ont préféré reproduire les maisons selon un plan rectangulaire, avec tympan et porche, typiques de l’architecture néopalladienne des plantations américaines. Dans le contexte de cette architecture, les colons ont aussi importé en Afrique la connaissance et le savoir-faire concernant des techniques et des matériaux de construction. C’est ainsi qu’ils ont souvent bâti leurs maisons en bois, en brique et parfois en pierre, s’adaptant aux ressources locales.
Une fois ses études achevées aux États-Unis, Max Belcher retourne au Libéria en 1977 et en 1978 pour travailler dans la communauté d’Arthington où se sont installés des colons venus de Caroline du Nord et du Sud ainsi que de Géorgie. Le photographe sillonne ensuite le sud des États-Unis, retraçant et photographiant les édifices qui ont inspiré et influencé ce style américano-libérien.
Les photographies choisies par Max Belcher au Libéria ont été incluses dans notre exposition et notre publication Trajets : Comment la mobilité des fruits, des idées et des architectures recompose notre environnement, réalisées en 2010.