Trajets et transferts

Comment les idées et les choses matérielles liées à l’architecture sont-elles transformées durant leurs déplacements, et comment ces mutations affectent notre environnement? En observant le transfert de connaissances d’un lieu à un autre et la reconfiguration physique des communautés au cours du temps, il est possible de mettre au jour le processus de transposition des problématiques architecturales en cette époque d’échanges à l’échelle mondiale.

Article 8 de 16

L’expert en développement international

Texte de Tom Avermaete et de Maristella Casciato

Équipe d’experts à l’oeuvre à Karachi (1954-1959), incluant Gérard Thurnauer (premier, à droite) et Michel Écochard (deuxième, à gauche)

« L’urbanisation a créé des problèmes d’une ampleur et d’une complexité telles qu’ils ont dépassé la capacité individuelle des experts à les régler. Le travail d’équipe est essentiel, et les équipes fonctionnent mieux si elles sont constituées de différents spécialistes mettant en commun leurs compétences au service d’un même objectif. Ce que nous espérons créer n’est pas une nouvelle profession, mais un nouveau genre de formation qui sensibilise les tenants des disciplines existantes aux problèmes de croissance urbaine et les amène à travailler en coopération au sein d’équipes efficaces1. »

C’est en ces termes qu’Otto Koenigsberger décrit l’avènement d’un nouveau type d’experts dont le nombre aura tendance à se multiplier dans les réseaux de planification transnationale de la période d’après-guerre. L’internationalisation de l’aide au développement s’accompagne de l’émergence de l’« expert en développement international », qui ne fait souvent que changer de camp; s’il travaillait jusqu’alors pour les intérêts et dans la perspective d’une seule capitale coloniale, il propose maintenant une notion sublimée d’assistance multinationale au « tiers-monde2 ». Dans d’autres cas, comme celui de l’Américain Jacob Crane, les expériences nationales en vue de mettre un terme aux problèmes de pauvreté et les réformes entreprises en ce sens dans les années 1930 aux États-Unis deviennent la principale source d’inspiration de l’approche d’organismes internationaux comme l’Administration de l’assistance technique (AAT).

La quasi-totalité des anciennes colonies connaît une croissance urbaine d’une rapidité sans précédent, qui se traduit généralement par une urbanisation informelle généralisée. Ce processus d’urbanisation, déjà souvent tendu en raison de la façon dont les frontières nationales ont été tracées, exacerbe rapidement les conflits ethniques, et mène à de graves problèmes de mouvements de réfugiés nationaux. Devant ces difficultés (et étant donné l’insuffisance d’expertise locale en matière de planification urbaine), les architectes et les urbanistes travaillent sur des plans transnationaux au sein d’équipes internationales et interdisciplinaires de spécialistes du développement.

En effet, dans de nombreux pays du Sud, le développement, passant par l’établissement d’innombrables plans et projets, met en évidence la nécessité d’une expertise qui s’appuie sur de solides connaissances en matière sociale, économique, technique et climatologique. Dans ces efforts d’élaboration de plans de développement urbain, des spécialistes en droit, en sciences sociales et en économie se joignent donc aux architectes et aux urbanistes. L’intégration de ces disciplines est normale si l’on tient compte de la nécessité intrinsèque d’exhaustivité de ces projets de planification. Tous les projets portant sur l’environnement bâti doivent en effet tenir également compte de problématiques culturelles, économiques et sociales plus vastes, mises au jour par la modernisation. De ces plans et projets disparates émerge graduellement un nouvel ensemble de connaissances architecturales et urbaines. Partout dans les pays du Sud, architectes et urbanistes élaborent cette expertise innovante en même temps qu’ils construisent en s’en inspirant.


  1. Otto H. Koenigsberger, Manual of Tropical Housing and Building, Londres, Longman, 1974.  

  2. Joseph M. Hodge, « British Colonial Expertise, Post-Colonial Careering and the Early History of International Development », Journal of Modern European History vol. 8, no 1, 2010, p. 24-46. 

Maristella Casciato est historienne d’architecture et conservatrice principale des collections architecturales au Getty Research Institute. Ce texte a été publié pour la première fois dans Casablanca Chandigarh : Bilans d’une modernisation, ouvrage produit au CCA en 2014.

1
1

Inscrivez-vous pour recevoir de nos nouvelles

Courriel
Prénom
Nom
En vous abonnant, vous acceptez de recevoir notre infolettre et communications au sujet des activités du CCA. Vous pouvez vous désabonner en tout temps. Pour plus d’information, consultez notre politique de confidentialité ou contactez-nous.

Merci. Vous êtes maintenant abonné. Vous recevrez bientôt nos courriels.

Pour le moment, notre système n’est pas capable de mettre à jour vos préférences. Veuillez réessayer plus tard.

Vous êtes déjà inscrit avec cette adresse électronique. Si vous souhaitez vous inscrire avec une autre adresse, merci de réessayer.

Cete adresse courriel a été définitivement supprimée de notre base de données. Si vous souhaitez vous réabonner avec cette adresse courriel, veuillez contactez-nous

Veuillez, s'il vous plaît, remplir le formulaire ci-dessous pour acheter:
[Title of the book, authors]
ISBN: [ISBN of the book]
Prix [Price of book]

Prénom
Nom de famille
Adresse (ligne 1)
Adresse (ligne 2) (optionnel)
Code postal
Ville
Pays
Province / État
Courriel
Téléphone (jour) (optionnel)
Notes

Merci d'avoir passé une commande. Nous vous contacterons sous peu.

Nous ne sommes pas en mesure de traiter votre demande pour le moment. Veuillez réessayer plus tard.

Classeur ()

Votre classeur est vide.

Adresse électronique:
Sujet:
Notes:
Veuillez remplir ce formulaire pour faire une demande de consultation. Une copie de cette liste vous sera également transmise.

Vos informations
Prénom:
Nom de famille:
Adresse électronique:
Numéro de téléphone:
Notes (optionnel):
Nous vous contacterons pour convenir d’un rendez-vous. Veuillez noter que des délais pour les rendez-vous sont à prévoir selon le type de matériel que vous souhaitez consulter, soit :"
  • — au moins 2 semaines pour les sources primaires (dessins et estampes, photographies, documents d’archives, etc.)
  • — au moins 48 heures pour les sources secondaires (livres, périodiques, dossiers documentaires, etc.)
...