Des origines du numérique

Qu’avons-nous besoin de savoir pour pouvoir déterminer quand et comment l’architecture est devenue numérique? Ce dossier se concentre sur des projets réalisés dans les années 1980 et 1990, qui recoururent à des outils numériques pour explorer de nouvelles possibilités en matière de recherche et de pratique architecturales. Plutôt que de tenter de nous projeter dans l’avenir, nous tentons ici de produire une étude critique de la manière dont les technologies numériques ont concrètement transformé l’architecture.

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Voir le monde en numérique à Hollywood

Une conversation entre Greg Lynn et Joseph Kosinski

Joseph Kosinski pendant le tournage de Oblivion en Islande, 2012

GL
Vous avez vu utiliser le logiciel dans le monde de l’architecture et du divertissement. Votre expérience à ce sujet m’intéresse.
JK
Je crois que je fais ce que je fais en grande partie par pur hasard. Je me suis trouvé au bon endroit au bon moment, c’est-à-dire à la GSAPP de la Columbia University à l’automne 1996. Je pense que la révolution numérique était alors à maturité. Trois ans plus tôt, je serai passé complètement à côté et, trois ans plus tard, j’aurai raté la première vague la plus intéressante, le moment où le numérique arrivait dans les ateliers.

Quand j’ai commencé à Columbia, les projets que Jesse Reiser, vous et d’autres faisiez dans les paperless studios étaient réservés aux étudiants avancés de troisième année. Je me rappelle être entré dans le bureau du doyen avec Dean Di Simone – plus tard devenu mon associé à KDLAB – la première semaine de classe. On lui a alors demandé si on pouvait s’inscrire à un cours sur le numérique, parce qu’on savait que c’était là que ça se passait. « Absolument pas », nous a-t-on dit. Pas question que les étudiants de première année touchent à un ordinateur. À l’époque, il fallait commencer par le papier calque, les équerres en T, les rondelles adhésives, et ainsi de suite. Nous étions donc très déçus, mais en milieu d’année, la politique a changé. Les étudiants voulaient vraiment mettre la main sur ces logiciels et ce matériel inédits qui commençaient à se tailler une place. À la deuxième session, les vannes se sont ouvertes, et on s’est tous inscrits au cours d’introduction à la conception numérique. On utilisait FormZ, un programme simple – je ne sais pas si on l’utilise encore, mais c’était très bien pour commencer. Nous avons aussi commencé à travailler avec Photoshop qui en était à sa version 1 ou 2, je crois. Il y avait en plus un ou deux appareils photo numériques qu’on pouvait apprivoiser. Je me sens très privilégié parce que, à ma connaissance, Columbia était le seul ou l’un des seuls endroits où on laissait les étudiants en architecture toucher et manipuler à leur guise ce genre d’outils.

Le tournant s’est opéré, dans mon cas, à la deuxième session. Je m’étais inscrit à un cours-atelier donné par Bill Mac Donald. Je croyais être venu à une école d’architecture pour apprendre à devenir architecte mais, dans ce cours, mon projet consistait à prendre des images arrêtées du film La jetée, de Chris Marker, et à les réutiliser pour créer un projet similaire. Là, pour la première fois, j’ai commencé à comprendre ce croisement entre le cinéma, l’architecture et l’espace virtuel, et les différentes manières de concevoir et d’appréhender l’architecture. C’est ce qui m’a mis sur ma voie et qui m’a mené à ce que je fais encore aujourd’hui.

Bande annonce de Tron : l’héritage, 2010. Joseph Kosinski, réalisateur. © Disney

GL
Fait intéressant sur cette période, c’est que ces choses étaient enseignées comme des outils propres à une discipline. On enseignait Photoshop comme outil de conception et de création, plutôt que comme un simple outil de retouche d’images.
JK
C’est bien ça. Dans les ateliers, tout ce qu’il y avait comme logiciel et matériel servait de terrain d’exploration libre. Il fallait donc arriver à comprendre par soi-même, par la découverte intuitive plutôt que par un apprentissage méthodique du genre par cœur. C’est, je crois, ce qui a donné des résultats bien plus intéressants et inattendus, très imprégnés de la personnalité de l’utilisateur. La variété des projets et le contraste marqué entre les différentes approches que nous prenions nous ont valu des critiques vraiment intéressantes. On était emballés, tout en se disant « Qu’est-ce qu’on fait? Qu’est-ce qu’on est en train de devenir? Est-ce qu’on est en train d’apprendre l’architecture? ». Il y avait de quoi faire un peu peur, mais dans le bon sens, parce que beaucoup d’étudiants de ma classe et des classes autour de la mienne ont fini par mener de fascinantes carrières presque en périphérie de l’architecture plutôt qu’en architecture pure et dure.
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