Ma maison cherche-t-elle à me tuer?
Melanija Grozdanoska se demande si les codes de construction et les normes relatives aux matériaux domestiques de nos maisons ordinaires garantissent véritablement notre sécurité
Les codes et les normes de construction promettent une protection contre de nombreux risques – prévenir les incendies, limiter la propagation des maladies, ou encore assurer une intégrité structurelle suffisante. Les codes déterminent les caractéristiques de conception et les matériaux qui peuvent être utilisés pour la construction. En Amérique du Nord, ils sont (généralement) définis par des organisations à but non lucratif, en consultation avec les parties intéressées et concernées, puis adoptés dans chaque territoire politique par l’organe législatif compétent. Les normes veillent à ce que les matériaux, les systèmes d’ingénierie et les techniques de construction soient uniformément produits, évalués et mis en œuvre. Un code peut faire référence à plusieurs normes de conception et d’essai de produits, pour autant, si la norme n’est pas adoptée et référencée spécifiquement par le code, elle reste strictement « de nature consultative » et ne peut être légalement appliquée 1.
Historiquement, les codes et les normes reflètent et appliquent les valeurs sociales de la culture dominante en matière de sécurité, de santé et de bien-être des individus, traduites concrètement dans l’environnement bâti. En Amérique du Nord, les mesures de protection contre les incendies ont probablement été importées pour la première fois par les autorités coloniales du Royaume-Uni, où des codes avaient été formulés à la suite du grand incendie de Londres en 16662. Par conséquent, les premiers codes concernaient principalement la sécurité incendie en limitant les toitures hautement inflammables comme le chaume, l’utilisation de cheminées en bois ou la hauteur des constructions à ossature en bois4. Après l’incendie de Chicago en 1871, les codes de construction commencent à s’intéresser aux risques qu’un bâtiment fait courir aux constructions adjacentes, ce qui aboutit à des réglementations sur la construction de murs mitoyens entre les propriétés. Avant 1900, au Canada, des incendies ont ravagé toutes les grandes villes, si bien que les municipalités ont entrepris de rédiger et d’appliquer des codes de construction, tout en ajoutant des mesures d’assainissement afin d’endiguer les flambées d’épidémies urbaines4.
Rien d’étonnant à ce que les catastrophes entraînent un renforcement des mesures de sécurité. Un exemple mémorable : la défaillance structurelle qui a causé la grande inondation de mélasse de Boston en 1919, tuant vingt-et-une personnes et blessant 150 autres, est à l’origine des permis d’aujourd’hui exigeant de la part des spécialistes agréés le dépôt et la signature de plans pour les travaux de construction importants5. Cependant, la mise au point de normes et de codes n’a jamais eu pour seul but d’assurer la sécurité du public en s’appuyant sur les connaissances scientifiques les plus pointues. « Au contraire, leur formulation correspond à un processus éminemment social et litigieux par lequel certains intérêts se voient écartés et d’autres consolidés »6. Une histoire parallèle révèle que l’incitation financière à la protection de la propriété privée, à une colonisation plus efficace7 et à la normalisation de la fabrication à des fins lucratives8 pour l’industrie a joué un rôle tout aussi important, sinon supérieur, dans l’élaboration de ces normes et de ces codes. À la fin du XIXe siècle, l’ingénierie de la protection incendie est inventée et popularisée par les compagnies d’assurance qui cherchent à réaliser des bénéfices en limitant les pertes matérielles grâce à des méthodes efficaces de protection contre l’incendie. Celles-ci ont ensuite été largement adoptées dans les villes, étant donné que les compagnies d’assurance privées commencèrent à refuser de couvrir les bâtiments qui n’étaient pas « résistants au feu »9 et à proposer des tarifs plus avantageux aux propriétaires qui utilisaient des outils de prévention des incendies, tels que des arroseurs automatiques ou des inspections fréquentes par des personnes qualifiées. Le premier National Building Code [code national du bâtiment] aux États-Unis a été créé en 1905 par un groupe de compagnies d’assurance qui cherchait à protéger ses intérêts. Ce même cercle a ensuite créé Underwriters Laboratories (UL)10, devenu au XXe siècle la principale organisation nord-américaine à proposer des services de contrôle des produits et de certification des normes de sécurité11. Les entreprises de matériaux de construction paient l’organisation à but non lucratif UL pour qu’elle teste leurs produits et s’assure qu’ils répondent aux normes de sécurité ou aux codes en vigueur afin de pouvoir les commercialiser, mais depuis 2012, l’argent récolté grâce à ces services est reversé à sa filiale à but lucratif UL LC12.
Pour influencer les normes et les codes, il suffit parfois d’une bonne campagne marketing13. Dans le cas le plus extrême, les codes et les normes de construction ont été si malicieusement manipulés par l’industrie qu’ils ne protégeaient que les profits, tout en causant sciemment des dommages à des millions de personnes. Dans les années 1960, l’augmentation du nombre d’incendies domestiques dus à la cigarette suscite l’inquiétude de l’opinion publique qui réclame des cigarettes plus sûres. Cependant, au lieu d’investir dans la recherche de solutions alternatives, les compagnies de tabac lancent une campagne agressive destinée à attirer l’attention plutôt sur les canapés et les fauteuils qui prennent feu, et dépensent des millions pour persuader les organisations de lutte contre les incendies de se rallier à la même cause14. En 1975, face à la recrudescence des décès dus aux incendies domestiques, les autorités législatives californiennes, frustrés par l’échec des efforts déployés pour mettre en place des normes de sécurité incendie aux cigarettes elles-mêmes, exigent un renforcement de l’ignifugation du mobilier inflammable, en appliquant une norme de réaction aux essais incendie qui deviendra notoire au cours des décennies à venir.
L’industrie du tabac a finalement réussi à imposer une législation conforme à ses intérêts, une réglementation qu’elle a fallacieusement présentée comme une solution pour sauver des vies. La norme californienne TB-117 exige que la mousse d’ameublement soit capable de résister à une petite flamme semblable à celle d’une bougie sans s’enflammer, ce à quoi les fabricants de meubles ont consenti en ajoutant des produits chimiques au rembourrage des canapés et des fauteuils15. Avec l’introduction de produits chimiques ignifugeants dans les meubles, les compagnies de produits chimiques et celles de tabac font converger leurs intérêts : un moyen commode d’éviter de rendre des comptes pour les unes et un nouveau marché pour les autres16.
« L’industrie chimique a manipulé les données scientifiques, déformé les conclusions des recherches, ignoré les résultats qui allaient à l’encontre de ses objectifs et fait passer des rapports biaisés et financés par les industriels pour des études scientifiques rigoureuses, afin de promouvoir l’utilisation généralisée des retardateurs de flamme et de minimiser les risques pour la santé »17. Les préoccupations sanitaires liées aux retardateurs de flamme ont immédiatement été soulevées par des scientifiques qui mirent en évidence leur similitude chimique avec les [polychlorobiphényles] PCB, interdits en 1977 en raison de leur toxicité et de leur caractère cancérigène18 19. Les recherches réalisées depuis ont montré que les retardateurs de flamme produisent de la fumée et des gaz toxiques lors de la combustion, et que ces sous-produits sont à l’origine de la plupart des décès liés aux incendies. Même lorsqu’ils ne sont pas enflammés, les coûts de santé des [polybromodiphényléthers] PBDE – l’un des premiers produits chimiques ignifugeants – s’élèvent à plus de 159 milliards de USD par an20, des retardateurs de flamme ayant été détectés dans l’organisme de presque toute la population américaine. Outre le cancer – principale cause de décès chez les pompiers21– ces substances chimiques sont des perturbateurs endocriniens liés à des déficiences intellectuelles, à l’hyperactivité chez les enfants et à une baisse de la fertilité. Malgré les preuves de leur nocivité, les deux industries ont participé à « une campagne mensongère de plusieurs décennies qui a infesté les foyers américains de quantités considérables de produits chimiques toxiques »22.
Nos maisons sont censées veiller à notre sécurité, et l’on estime généralement que les réglementations qui régissent les produits que l’on y introduit sont prévues à cet effet. Or, qu’ils soient bien intentionnés ou malicieusement frauduleux, les codes, les normes et les tests agissent parfois à rebours de leurs vocations officielles ; ils brouillent les intérêts et les valeurs de ces structures réglementaires, dissimulant l’impact des matériaux domestiques usuels sur la sécurité des personnes et de l’environnement derrière une conformité bureaucratique.
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NCARB et AIA, Codes & Regulations, 2013, https://content.aia.org/sites/default/files/2017-03/EPC_Codes_Regulations_2D.pdf. ↩
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Steven A. Moore, « Building Codes », Encyclopedia.com, consulté le 22 avril, 2024, https://www.encyclopedia.com/science/encyclopedias-almanacs-transcripts-and-maps/building-codes. ↩
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« Short History of Codes » Fire Marshals Association of Minnesota, consulté le 22 avril, 2024, https://fmam.org/about-fmam/short-history-of-codes/. ↩
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J.W. Archer, « A Brief History of the National Buildings Code of Canada », Journal of the Ontario Building Officials Association, (mars 2003): 24–25, https://nrc-publications.canada.ca/eng/. ↩↩
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Ben Kesslen, « The Great Boston Molasses Flood of 1919 Killed 21 after 2 Million Gallon Tank Erupted », NBC News, 14 janvier, 2019. https://www.nbcnews.com/news/us-news/great-boston-molasses-flood-1919-killed-21-after-2-million-n958326. ↩
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Moore, « Building Codes ». ↩
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La réglementation relative à la délivrance des licences d’ingénierie remonte à la volonté d’établir des cartes hydrographiques nettes et précises dans le cadre de la colonisation de l’État nouvellement créé du Wyoming. Voir Doug McGuirt, “The Magazine for Professional Engineers,” National Society of Professional Engineers, mai, 2007. Consulté le 22 avril 2024. ↩
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Les industriels de l’acier ont fondé l’American Institute of Steel Construction (AISC) en 1921 en vue de garantir un marché national, ce qui a conduit à des mesures d’autoréglementation concernant les dimensions et la qualité des éléments en acier. ↩
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Archer, « A Brief History of the National Buildings Code of Canada ». ↩
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Arthur Cote, 2003. « Founding Organizations ». In History of Fire Protection Engineering. Quincy, MA: National Fire Protection Association. Consulté le 22 avril 2024. https://local2507.com/about-local-2507/our-history/. ↩
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À l’origine, UL testait des dispositifs conçus pour arrêter le feu, pour résister au feu et qui provoquaient souvent des incendies. Aujourd’hui, UL contrôle plus de 22 milliards de produits par an, des appareils ménagers aux véhicules en passant par l’électronique, les conduits, les panneaux muraux et les matériaux de construction. ↩
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Julia Kagan, « “Underwriters Laboratories (UL) ». Investopedia. 10 janvier 2023. Consulté le 03 avril 2024. https://www.investopedia.com/terms/u/underwriters-laboratories-ul.asp. ↩
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On peut également citer l’exemple de l’organisation commerciale de l’industrie du plomb qui, pour lutter contre les restrictions imposées aux canalisations en plomb dans les années 1920, a mené pendant des décennies une campagne de marketing qui a permis de prolonger le recours aux canalisations en plomb d’un demi-siècle. Pour en savoir plus, voir Richard Rabin, « The Lead Industry and Lead Water Pipes ‘A Modest Campaign.’ » American Journal of Public Health 98 (9): 1584–92. https://doi.org/10.2105/ajph.2007.113555. ↩
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Un ancien dirigeant de l’industrie du tabac a participé à la création de la National Association of State Fire Marshals et s’est ensuite attelé pendant des décennies à orienter le programme de l’association. Il a par exemple réussi à faire appliquer une réglementation fédérale pour les substances chimiques ignifugeants dans les produits ménagers, en argumentant qu’il était plus efficace de changer le mobilier que les cigarettes. Il conseillait également l’organisme sur des questions clés telles que les critiques des tests standardisés, qui ont entraîné le ralentissement de la législation concernant des cigarettes plus sûres contre les risques d’incendie. ↩
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Patricia Callahan, Sam Roe et Michael Hawthorne, “Playing with Fire,” edited by Gerould W. Kern, Chicago Tribune, 2012, https://www.pulitzer.org/finalists/patricia-callahan-sam-roe-and-michael-hawthorne. ↩
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Le brome, produit chimique ajouté à l’essence au plomb pour empêcher l’accumulation de plomb dans les moteurs des voitures, a été progressivement éliminé en raison du passage à l’essence sans plomb. Il a trouvé un nouvel usage dans l’industrie en plein essor des retardateurs de flamme, que les deux groupes de pression se sont efforcés de défendre avec acharnement. Voir Jamie Kitman et David Brancaccio, « Examining the toxic history of flame retardants », 17 août 2018, in Marketplace Morning Report, produit par Nicole Childers, podcast, audio MP3, 1:12, https://www.marketplace.org/2018/08/17/examining-toxic-history-flame-retardants/. ↩
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Callahan, Roe, et Hawthorne, “Playing with Fire.” ↩
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Kitman, “Examining the toxic history.” ↩
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“ToxFAQs for Polychlorinated Biphenyls (PCBs),” Agency for Toxic Substances and Disease Registry, consulté le 22 avril 2024, https://wwwn.cdc.gov/TSP/ToxFAQs/ToxFAQsDetails.aspx?faqid=140&toxid=26. ↩
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Leonardo Trasande, Roopa Krithivasan, Kevin Park, Vladislav Obsekov et Michael Belliveau, « Chemicals Used in Plastic Materials: An Estimate of the Attributable Disease Burden and Costs in the United States ». Journal of the Endocrine Society 8, no. 2. (janvier 2024). https://doi.org/10.1210/jendso/bvad163. ↩
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Larry Thomas, Lens Garis et Chris Biantoro, “Canadian Firefighter Fatality and Injury Trend Analysis of Association of Workers Compensation Boards of Canada Fatality and Injury Claims 2006– 2018,” University of the Fraser Valley Centre for Public Safety & Criminal Justice Research. https://cjr.ufv.ca/wp-content/uploads/2020/07/Canadian-Firefighter-Injury-and-Fatality-Claims-Analysis.pdf. ↩
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Patricia Callahan et Sam Roe, “Fear Fans Flames for Chemical Makers,” Chicago Tribune. 6 mai 2012, https://www.chicagotribune.com/2012/05/06/fear-fans-flames-for-chemical-makers-2/. ↩
Les retardateurs de flamme ne sont qu’un exemple parmi d’autres de codes et de produits chimiques présents dans les matériaux de construction qui favorisent de manière pernicieuse la nocivité tout en prétendant assurer la sécurité des populations. Il y en a d’autres : le chlorure de vinyle utilisé dans les usines de PVC – dont plus de 75 % sont destinés à l’industrie du bâtiment pour des éléments tels que les tuyaux, les châssis de fenêtres, les moquettes, les enduits d’étanchéité et les peintures – a empoisonné pendant des années les personnes qui travaillent avec ce produit, avant qu’il ne soit révélé que l’industrie en avait connaissance et qu’elle avait néanmoins tenté d’étouffer l’affaire1. Aujourd’hui encore, un conglomérat mondial de la construction est poursuivi en justice pour avoir continué à utiliser de l’amiante dans les tuyaux en ciment, exposant ainsi son personnel à un produit chimique cancérigène que même les populations grecques de l’Antiquité savaient toxique, et qui n’est pourtant toujours pas officiellement interdit aux États-Unis2. Les usines de fabrication de néoprène, utilisé comme agent d’étanchéité pour les membranes de toiture3, peuvent contribuer au racisme environnemental qui a conduit à la « Cancer Alley » en Louisiane4. Le formaldéhyde est lié à l’asthme et à d’autres problèmes respiratoires. On le trouve dans les panneaux de particules, les revêtements de sol, les meubles, la plupart des colles et des adhésifs, et même dans certains isolants. Nous supposons pourtant que s’il est présent dans nos foyers, une personne a dû le tester pour s’assurer qu’il était sans danger.
La prise de conscience progressive des catastrophes chimiques survenues à la fin des années 1960 et au début des années 1970 aux États-Unis a suscité l’inquiétude du public quant aux risques que présentent les produits chimiques pour la santé humaine et l’environnement, ce qui a incité le Congrès à adopter la loi sur le contrôle des substances toxiques (Toxic Substances Control Act – TSCA) en 1976. Afin d’apaiser l’industrie chimique qui dénonçait les coûts « déraisonnables » des tests, la loi a exclu 62 000 produits chimiques de la liste des substances non évaluées qui se trouvaient déjà sur le marché à l’époque. Largement critiquée pour son incapacité à faire ce pour quoi elle a été créée, la TSCA n’a examiné qu’environ 200 produits chimiques sur les 85 000 figurant dans son inventaire et n’a réussi à en interdire que cinq, dont l’amiante en 1989, décision annulée en 1991 à la suite d’un recours devant un tribunal. La législature d’État des États-Unis a tenté de combler le vide juridique, avec dix-huit États adoptant des contrôles chimiques plus stricts que ceux prévus par la loi nationale5. Grâce à des années d’activisme et de pression de la part de la communauté scientifique, des personnes consommatrices et de certaines entreprises, une révision de la loi adoptée en 2017 oblige désormais l’EPA à réexaminer les produits chimiques qui bénéficiaient auparavant d’une clause d’antériorité en vertu de l’ancienne loi6. Les critiques de cette révision pointent le fait que le budget de l’EPA n’a pas été augmenté, ce qui réduit son efficacité pour l’exécution de ce mandat supplémentaire, et font craindre qu’elle ne crée des difficultés pour les États qui tentent de mettre en place leurs propres mesures de contrôle. Même cette nouvelle révision s’adresse à l’industrie, en rendant l’EPA responsable de la sécurité des produits chimiques, contrairement au règlement REACH de l’UE [Enregistrement, évaluation, autorisation et restriction des substances chimiques] adopté en 2006, qui impose à l’industrie la responsabilité de la sécurité, les fabricants devant réaliser et soumettre les données des tests pour chaque nouveau produit chimique7.
Selon John Warner, cofondateur du mouvement de la chimie verte, qui prône une approche alternative de la chimie respectueuse de la santé humaine et de la planète, la nocivité des produits chimiques n’est pas intentionnelle chez les entreprises, mais résulte d’un étrange effet dérivé de l’évolution du domaine chimique de la science des matériaux. Warner avance une cause plus banale : les chimistes ne reçoivent généralement pas la formation nécessaire pour évaluer les risques pour la santé humaine ou l’environnement. Chaque année, les États-Unis comptent quelque 15 000 personnes étudiant la chimie en licence, 3 000 en master et 3 000 en doctorat. Pourtant, très peu de programmes universitaires proposent des cursus ou des cours en vue de concevoir des produits chimiques commerciaux plus sûrs8 et aucun n’exige que les chimistes suivent une formation en toxicologie9. Ainsi, en conduisant des recherches fondamentales pour transformer les molécules en matériaux, ou des recherches appliquées pour convertir les matériaux en composants, ces chimistes partent du principe qu’une autre personne s’occupera ensuite des questions de santé et de développement durable. Or, ces composants sont ensuite transformés en produits (conception et développement), puis beaucoup d’entre eux sont manufacturés (fabrication), et enfin les architectes les intègrent dans les bâtiments (cahier des charges). Aucune des professions impliquées dans ces étapes n’a reçu de véritable formation en toxicologie.
Certaines personnes espèrent que des réglementations plus strictes en matière de produits chimiques, à l’instar de REACH dans l’UE, auront également un impact positif sur l’industrie nord-américaine, mais pour parvenir à un résultat réellement optimal en termes de santé, les réglementations ou les incitations ne semblent pas suffisantes. Sur les 90 % de produits existants nécessitant une amélioration, seuls 20 à 25 % peuvent être progressivement débarrassés de leurs effets nocifs grâce à la recherche. De nombreux scientifiques considèrent le domaine de la chimie verte comme une feuille de route pour les 65 à 75 % produits restants qui doivent encore être inventés pour minimiser l’impact sur la santé humaine et l’environnement10.
Les architectes n’inventent pas de produits ou de matériaux, mais peuvent jouer un rôle dans l’amélioration de la sécurité publique en mesurant l’impact de leurs choix. Ayant personnellement suivi, au cours de la dernière décennie, un programme de formation professionnelle qui valorisait de manière disproportionnée la forme et la conception au détriment de sujets « ennuyeux » – la composition matérielle des bâtiments, l’origine de ces matériaux ou la manière dont ils affectent la santé humaine et l’environnement –, je perçois un problème structurel dans l’enseignement de l’architecture11. Pour avoir assisté à l’examen des thèses de plusieurs universités au cours des dernières années, je crains que la situation ne semble pas s’être grandement améliorée, même si le désir de changement des personnes étudiantes et professionnelles actuelles ou des universitaires en devenir existe bel et bien. Peut-être sans le vouloir, alors que nos esprits étaient tournés vers ce que les prix d’architecture, les revues et les biennales nous affirmaient être important dans notre domaine, les bâtiments ont continué à être construits, les normes à être mises à jour et les matériaux à être inventés, testés et prescrits sans que les personnes architectes comprennent pleinement l’agentivité à laquelle elles renonçaient ou qu’elles ne revendiquaient pas. Aujourd’hui, pour ce qui est des matériaux, les architectes en exercice se contentent le plus souvent de choisir parmi un menu de mauvaises options sans avoir conscience de l’impact ou même du fait que ce menu aurait besoin de sérieuses mises au point.
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Burgess Brown et Ava Robinson, « The House of Documents », 14 juillet 2021, dans Trace Material, produit par Alison Mears, podcast, audio MP3, https://healthymaterialslab.org/projects/season02-episode03. ↩
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Michael Sainato, « ‘They Made a Huge Profit Knowing They’d Kill People’: US Firms Use Tactics to Avoid Paying Asbestos Victims, » The Guardian, 4 octobre 2023, sec. US news. https://www.theguardian.com/us-news/2023/oct/04/asbestos-mesothelioma-victims-compensation-certainteed. ↩
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« Neoprene in Construction », Designing Buildings Construction Wiki, 10 fevrier 2021. https://www.designingbuildings.co.uk/wiki/Neoprene_in_construction. ↩
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Lisa Song et Lylla Younes, « EPA Calls out Environmental Racism in Louisiana’s Cancer Alley », ProPublica. 19 octobre 2022, https://www.propublica.org/article/cancer-alley-louisiana-epa-environmental-racism. ↩
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Rebecca Trager, « Explainer: Toxic Substances Control Act », Chemistry World, 9 juin, 2016. https://www.chemistryworld.com/news/explainer-toxic-substances-control-act/1010187.article. ↩
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Cathy Milbourn, « For the First Time in 40 Years EPA to Put in Place a Process to Evaluate Chemicals That May Pose Risk » News Releases, United States Environmental Protection Agency, 13 janvier 2017. https://19january2017snapshot.epa.gov/newsreleases/first-time-40-years-epa-put-place-process-evaluate-chemicals-may-pose-risk_.html ↩
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Trager, « Explainer: Toxic Substances » ↩
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Stephen C. DeVito, « The Need for, and the Role of the Toxicological Chemist in the Design of Safer Chemicals », Toxicological Sciences: An Official Journal of the Society of Toxicology 161, no. 2 (2018): 225, consulté le 22 avril 2024, https://doi.org/10.1093/toxsci/kfx197. ↩
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Valerie Brown, « Meet the Green Chemist Who Is out to Make Chemicals Less Toxic for Humans and the Environment », In These Times, 13 novembre 2015. https://inthesetimes.com/article/its-not-easy-being-a-green-chemist. ↩
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« Green Chemistry », conférence disponible dans Healthier Materials and Sustainable Building course, The New School at Parsons, consulté le 21 janvier 2023. ↩
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« Les dessins techniques opèrent une distinction nette entre ce qui est important et ce qui peut être ignoré, entre ce qui concerne la clientèle, la personne responsable de la conception, de l’ingénierie, de la construction et ce qui n’est pas de leur responsabilité. L’échelle et la complexité de nombreux projets de construction contemporains, combinées à la nature répétitive et non spécifique au site d’autres projets, signifient qu’il est possible de mener une carrière productive de longue durée en architecture sans jamais entrer en contact avec le monde extérieur au dessin – les matériaux et les personnes que les dessins régissent ». Voir Material Cultures, Material Reform, Londres, Mack Books, 2022, 12. ↩
Le revêtement de sol en vinyle, bon marché et souvent inscrit dans le cahier des charges des logements abordables, illustre l’une des options de ce menu nocif. Il contient des phtalates toxiques qui sont susceptibles de provoquer des troubles de l’apprentissage et du développement chez les enfants à des niveaux d’exposition élevés. L’effet vernissé sur les briques extérieures, une tendance récente, nécessite une deuxième cuisson, ce qui augmente considérablement le taux de carbone intrinsèque dans ce matériau, par ailleurs habituellement durable. Les produits obtenus à partir de la pétrochimie sont la référence de l’industrie pour les panneaux d’isolation rigides, les conduites d’eau et de drainage, les cadres de fenêtres, les peintures murales et les revêtements de sol, pour n’en citer que quelques-uns. La pollution de l’air à proximité des usines de production pétrochimique a des effets immédiats et à long terme sur les personnes qui vivent ou travaillent dans ces zones : asthme, cancer du poumon, lésions cérébrales et organiques, maladies cardio-vasculaires, etc. Tout comme les chimistes, les architectes doivent assumer la responsabilité de leurs choix de matériaux plutôt que de continuer à les confier aux fabricants, en s’appuyant sur des cahiers des charges standard qui n’ont pas été mis à jour depuis une décennie, ou sur des entrepreneurs qui refusent de remplacer un produit bien établi. Quel est l’équivalent de la chimie verte en architecture ?
Les personnes en charge de la construction des bâtiments peuvent se sentir piégées par les conditions actuelles, étant donné que les tentatives de bâtir différemment sont freinées par des obstacles pratiques et culturels : les habitudes et l’aversion pour la prise de risque, la standardisation et les questions de garantie, le calcul des coûts et les cahiers des charges, le financement et l’assurance, les lacunes dans l’approvisionnement en matériaux et le manque de machines ou de main-d’œuvre qualifiée. Pour construire les bâtiments autrement, il faut d’abord comprendre de quoi ils sont faits – comment les matériaux sont extraits1, excavés2, fabriqués3, transportés4, spécifiés5, installés6, retirés7, entretenus8, éliminés9 ou réutilisés10 – et l’impact de ces processus sur toutes les personnes avec lesquelles ils entrent en contact11. Ce qui « nous permet de nous engager dans une pratique de réforme lente et résolue, en trouvant des moyens d’ajuster et de réorienter les infrastructures, les économies et les connaissances techniques existantes afin de parvenir à des résultats qui commencent à prouver que d’autres façons de concevoir et d’entretenir l’environnement bâti ne sont pas seulement nécessaires, mais possibles »12.
Au-delà des bâtiments individuels, il est essentiel de comprendre que les standards, normes et codes qui régissent la sécurité de l’environnement bâti ont été rédigés en réponse directe à des conditions spécifiques et traduisent les valeurs de leur époque. Andrew Freenberg propose que le développement technique des codes relève d’un processus par lequel les sociétés modifient leurs valeurs fondamentales, et que leurs révisions redéfinissent les valeurs culturelles dans lesquelles s’inscrit l’activité économique, comme la construction13. La redéfinition des codes et des normes pour refléter les valeurs sociétales et les réalités environnementales actuelles peut-elle constituer un nouveau champ d’action pour les designers et les architectes?
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Mosaic Landscapes by Material Cultures examine les pratiques de gestion régénérative des sols au Royaume-Uni et la manière dont la combinaison de différents habitats et usages des sols favoriserait une transition vers des écosystèmes arborés plus diversifiés et un approvisionnement de l’industrie de la construction durable en matériaux à faible teneur en carbone incorporé. Voir https://materialcultures.org/mosaic-landscape-2023/. ↩
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BC materials transforme la terre excavée – officiellement considérée comme un « déchet » – en matériaux de construction circulaires, sans devoir la brûler. Voir https://bcmaterials.org/concept. ↩
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Le format Big Brick de Blaf permet de réaliser des façades autoportantes en briques à moindre coût, ce qui peut réduire la complexité de la construction et de l’isolation et permettre des murs creux plus circulaires et plus durables. Ce modèle optimise les séquences de construction et permet le démontage des différentes strates, l’utilisation de matériaux d’isolation renouvelables non rigides et la construction structurelle en bois. Voir https://www.youtube.com/watch?v=GHRFVwnk3fM&ab_channel=ConstructiveDisobedience ↩
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Volker Wessels est une entreprise de construction néerlandaise qui a créé le Bouwhub, lieu où tous les matériaux de construction nécessaires sont transportés, contrôlés et coordonnés. Travailler avec BouwHub a permis de réaliser des économies en termes de durabilité, de main-d’œuvre et de circulation des marchandises. Voir https://www.volkerwessels.com/en/projects/bouwhub. ↩
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Transparency rassemble des ressources, des informations et des données afin de faciliter la transparence sur la composition des matériaux de construction, avec pour objectif d’encourager la conception et la construction de « bâtiments plus sains ». Voir https://transparency.perkinswill.com/lists/precautionary-list. ↩
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Les panneaux de construction Nexii sont conçus et fabriqués pour être réutilisés perpétuellement, avec des assemblages de boulons pour réduire les déchets générés par les cycles de vie typiques des bâtiments conventionnels qui sont beaucoup plus courts que ceux des matériaux et de la construction eux-mêmes. Voir https://www.nexii.com/innovation-nexii/. ↩
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Building Deconstruction Institute propose des formations individuelles et collectives sur la déconstruction, un processus de démantèlement des structures qui permet de récupérer les matériaux et de les réutiliser ailleurs. Voir https://reuseconsulting.com/deconstruction-institute-1. ↩
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Les canapés Spoke Sofa peuvent être entièrement démontés et leurs différents éléments remplacés et recyclés. Voir https://www.dezeen.com/2023/06/06/furniture-company-takt-sofa-designed-for-repair/. ↩
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MEDULLA Regenerative Insulation récupère des cheveux humains provenant de salons de coiffure et de barbiers comme isolant par insufflation, renouvelable et résistant au feu, produit localement. Voir https://www.mindfulinnovations.eco/medulla. ↩
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Superuse Studios a conçu la Villa Welpeloo à partir de matériaux trouvés dans différents cours d’eau urbains, donnant lieu à de nouvelles formes architecturales et à de nouveaux modes de construction. Voir https://www.aljazeera.com/program/earthrise/2012/4/13/rubbish-architects. ↩
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Le projet « Healthy Affordable Materials » ambitionne d’améliorer la vie et la santé des personnes résidant dans des logements abordables en réduisant l’utilisation de matériaux toxiques dans les produits de construction. Voir https://healthymaterialshealthyhomes.org/. ↩
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Material Cultures, Material Reform, 16-17. ↩
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Moore, “Building Codes.” ↩
Au cours des dernières années, des manifestations ont eu lieu dans de nombreux pays occidentaux pour appeler les gouvernements à prendre des mesures pour lutter contre le changement climatique. Les manifestations d’Insulate Britain en 2021 et celles de Renovate Switzerland en avril 2022 ont toutes deux appelé à des plans nationaux pour améliorer l’isolation des habitations. Une meilleure isolation thermique permettrait en effet de réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) liées au chauffage et à la climatisation des bâtiments, ce qui se reflète dans les récentes mises à jour1 des codes énergétiques, qui imposent une réduction du coefficient de transmission thermique ou une augmentation de l’épaisseur de l’isolation . Cependant, les codes ne tiennent nullement compte des effets néfastes des retardateurs de flamme dont l’isolation requiert la certification en matière de sécurité incendie3, des risques pour la santé des personnes vivant à proximité des usines pétrochimiques qui produisent l’isolation supplémentaire, ni de la hausse de la consommation d’énergie et du carbone intrinsèque utilisés pour extraire, fabriquer et transporter l’isolant avant même qu’il n’atteigne le chantier.
Par ailleurs, les préoccupations croissantes en matière de santé liées à la qualité de l’air dans le contexte de la crise climatique ont entraîné de récentes manifestations, comme celles organisées au Québec par Mères au front4. L’été dernier, les incendies de forêt au Canada ont fait la une des journaux du monde entier , reproduisant des scènes de films postapocalyptiques, tandis que l’air pollué à des niveaux de dangerosité élevés touchait des millions de personnes, notamment à New York et sur toute la côte est, dans le Midwest jusqu’à l’Indiana et dans le sud jusqu’à la Caroline du Nord6. Soudain, la question de la qualité de l’air était sur toutes les lèvres.
Pourtant, chaque jour, des personnes habitent dans des bâtiments hermétiques qui utilisent du plastique, un sous-produit du pétrole bon marché, pour des matériaux tels que les moquettes synthétiques, les colles, les produits en bois aggloméré et le vinyle, entre autres. Les substances chimiques présentes dans ces produits libèrent tranquillement et continuellement des composés toxiques lors de simples activités quotidiennes, comme le frottement dû à la marche, l’abrasion liée au nettoyage ou la dégradation causée par le passage du temps. Les bâtiments construits avec des solvants, des adhésifs, des panneaux de particules et des panneaux de gypse diffusent des produits chimiques sous forme de contaminants atmosphériques, polluant la qualité de l’air intérieur et nuisant à la santé. « Au début des années 1980, l’Organisation mondiale de la Santé a formulé l’expression “syndrome du bâtiment malsain”7 pour décrire la constellation de symptômes causés par les sous-produits invisibles de la construction moderne. »8
En 2023, l’EPA ne réglemente toujours pas la qualité de l’air intérieur aux États-Unis9 et il n’existe aucune norme fédérale qui définisse des critères de performance pour celle-ci10. En l’absence d’un minimum holistique que les propriétaires et les responsables de la construction devraient viser ou d’un moyen pour les personnes qui habitent dans ces espaces de savoir ce que contient l’air qu’elles respirent, la responsabilité incombe une fois de plus aux consommateurs, qui doivent alors acheter différents capteurs pour détecter le dioxyde de carbone, le monoxyde de carbone ou les particules, sans vraiment comprendre ce que cela signifie pour leur santé. Aucune mesure simple ne définit la sécurité de l’air d’un bâtiment d’une manière aisément compréhensible ; aucune exigence de déclaration sans ambiguïté et définitive n’oblige à rendre des comptes11.
Les normes ou les codes censés garantir notre sécurité sont souvent dictés par des intérêts ou des motivations parallèles qui entrent en conflit avec la fonction première qu’ils sont supposés remplir. Ces hypocrisies, petites ou grandes, devraient nous inciter à remettre en question la conformité et les normes. En dressant la liste des retardateurs de flamme, du PVC, des composés organiques volatils et du formaldéhyde, en indiquant où ils se trouvent dans la maison, les produits chimiques qu’ils contiennent et leurs effets potentiels sur la santé, les hypothèses de sécurité concernant les matériaux domestiques usuels sont remises en questions et leurs effets néfastes sur les personnes tout au long du cycle de production, d’utilisation et d’élimination sont révélées : le personnel des usines, des sociétés d’installation, les personnes qui utilisent les produits, ainsi que les communautés vivant à proximité des décharges ou des usines de fabrication.
Il nous faut accepter que nos maisons nous empoisonnent à petit feu. Imaginer un avenir radicalement différent pour la construction suppose de comprendre les conditions qui nous ont amenés à cette version de la normalité et de déterminer qui profite des systèmes et des structures ayant permis la création et le maintien en place de ces règlementations malgré les préjudices qu’elles causent. Travailler pour une industrie plus saine peut commencer par des changements quotidiens à la portée de nos capacités actuelles, comme s’informer sur les méfaits des matériaux de construction ordinaires12, sur les alternatives plus saines13 ou sur les produits qui peuvent être spécifiés dans les cahiers des charges en toute sécurité14. Toutefois, pour parvenir à un impact plus important, il faut donner la priorité aux efforts collectifs et se rappeler que « les architectes ont 196 fois plus de pouvoir pour réduire les émissions de carbone dans le cadre de leur travail que dans celui de leur mode de vie [personnel] »15. Travailler dans la construction, c’est avoir le pouvoir d’intervenir, mais pas forcément de la manière attendue. Si le menu des options néfastes ne vous convient pas, œuvrez à son changement.
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« Canada’s National Energy Code », Government of Canada, 6 mars 2018. https://natural-resources.canada.ca/energy-efficiency/buildings/new-buildings/canadas-national-energy-code/20675. ↩
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International Code Council, What’s New in the 2021 International Energy Conservation Code (IECC), 2021, https://www.iccsafe.org/wp-content/uploads/IECC_Whats_New_FLR.pdf. ↩
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Les isolants sont soumis à un test d’inflammabilité et de propagation de la fumée (ASTM E84) et doivent avoir un indice minimum de 25/50 pour pouvoir être commercialisés en tant que matériaux de construction conformes au code. Pour l’isolation autour des tuyaux et des conduits, la mousse élastomère à cellules fermées peut être conforme à la norme 25/50 aux États-Unis jusqu’à 50 mm, mais les formules sans halogène – qui ne libèrent pas de gaz toxiques en cas d’incendie – ne peuvent généralement pas être acceptées sans l’ajout de retardateurs de flamme. « Demystifying ASTM E84 25/50, UL 723 and NFPA 255 », Aeroflex USA. 20 octobre 2020, https://aeroflexusa.com/demystifying-astm-e84-25-50-ul-723-and-nfpa255/. ↩
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Canadian Press Staff, « Quebec Protesters Stage ‘Die-In’ to Draw Attention to Air Quality near Smelting Plant », CTV News Montréal. 7 septembre 2023. https://montreal.ctvnews.ca/quebec-protesters-stage-die-in-to-draw-attention-to-air-quality-near-smelting-plant-1.6551598. ↩
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Orla Dwyer, Josh Gabbattis, Molly Lempriere, et Giuliana Viglione, « Media Reaction: Canada’s Wildfires in 2023 and the Role of Climate Change », Carbon Brief, 9 juin 2023. https://www.carbonbrief.org/media-reaction-canadas-wildfires-in-2023-and-the-role-of-climate-change/. ↩
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Jennifer Peltz et Rob Gillies, « Quebec Orders More Evacuations as Dozens of Wildfires in Canada Remain out of Control » AP NEWS, 7 juin 2023. https://apnews.com/article/wildfires-canada-quebec-3291016eaa4905177c90feae02a139c5. ↩
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Mohammad Javad Jafari, Ali Asghar Khajevandi, Seyed Ali Mousavi Najarkola, Mir Saeed Yekaninejad, Mohammad Amin Pourhoseingholi, Leila Omidi et Saba Kalantary, « Association of Sick Building Syndrome with Indoor Air Parameters », Tanaffos 14 (2015): 55–62. ↩
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Keren Landman, « Our Buildings Are Making Us Sick », Vox, 17 octobre 2022. https://www.vox.com/the-highlight/23377638/buildings-indoor-air-quality-pollution-toxic-sick. ↩
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US EPA, « Regulatory and Guidance Information by Topic: Air », Environmental Protection Agency, 22 février 2013. https://www.epa.gov/regulatory-information-topic/regulatory-and-guidance-information-topic-air#indoorair. ↩
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« Indoor Air Quality - Overview ». Occupational Safety and Health Administration. https://www.osha.gov/indoor-air-quality. ↩
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Landman, « Our Buildings ». ↩
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TLa liste rouge de Miller Hull v3.0 fournit des données permettant à notre personnel d’informer la clientèle, les homologues et les partenaires sur les fondements scientifiques des substances chimiques préoccupantes. Voir chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://millerhull.com/wp-content/uploads/Miller-Hull-Red-List-v3.0.pdf. ↩
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Le Healthy Materials Lab, un laboratoire de recherche en design de la Parsons School of Design, œuvre pour un monde dans lequel la santé des personnes et de l’environnement se trouve au centre de toutes les décisions en matière de design. Voir https://healthymaterialslab.org/. ↩
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La Precautionary List de Perkins & Will [liste de précaution] est une base de données numérique conviviale qui répertorie les substances les plus répandues et les plus problématiques que l’on rencontre quotidiennement dans l’environnement bâti. Voir https://transparency.perkinswill.com/lists/precautionary-list. ↩
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Anna Highfield, « Architects Have ‘196 Times’ More Power to Cut Carbon through Work than Lifestyles », The Architects’ Journal, 12 mars 2024. https://www.architectsjournal.co.uk/news/architects-have-196-times-more-power-to-cut-carbon-through-work-than-lifestyles. ↩
Cet article a été traduit de l’anglais par Gauthier Lesturgie.