Pour votre sécurité

Où se situe la sécurité dans l’architecture et quelle est à qui la conception donne-t-elle la priorité en matière de sécurité ? Qu’il s’agisse de sécuriser ou de restreindre, les mesures de sécurité conditionnent la manière dont nous nous organisons dans l’espace et vivons ensemble. Mais les règles et les codes conçus pour nous protéger dans l’environnement bâti reposent sur certaines normes, qui évoluent avec le temps et sont soumises à des pressions idéologiques et à des pratiques d’exclusion. Avec ce dossier, nous sondons les mécanismes que nous avons développés et les récits que nous racontons pour protéger nos expériences dans le monde à travers des considérations sur l’infrastructure, la matérialité, la mémoire et la création de mythes.

Pour votre sécurité est conçu par Victoria Addona, Claire Lubell, Alexandra Pereira-Edwards et Anna Tonkin.

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Architectures de la dissidence

Jola Idowu s’intéresse à l’infrastructure de protestation à Chicago

George Floyd a été assassiné par Derek Chauvin, un policier de Minneapolis, le 25 mai 2020, à 21h251. Quatre jours plus tard, je me trouvais au cœur des manifestations qui secouaient le centre-ville de Chicago pour dénoncer l’injustice de sa mort2. La police et les personnes manifestantes s’affrontaient devant la Federal Plaza et la Trump Tower, mais malgré les nombreux récits de violences policières, je garde de cette journée un souvenir plus marqué par les conséquences de l’événement que par les scènes de chaos. Je me souviens d’avoir avancé sous un soleil d’été brûlant, cherchant à quitter le centre-ville pour rentrer chez moi. Plus tôt dans la nuit, le maire Lori Lightfoot avait ordonné la fermeture de toutes les sorties, de tous les trains et de tous les bus traversant le centre-ville de Chicago pour empêcher les gens de quitter le site de la manifestation ou d’y entrer. Ce qui me reste en mémoire, c’est le bruit solitaire de mes pas résonnant dans les rues et le sentiment d’isolement dans ma propre ville. Je me souviens d’avoir eu peur et de m’être sentie vulnérable : peur d’être arrêtée et détenue, vulnérabilité face à l’incertitude de pouvoir rentrer chez moi. Je me souviens d’avoir été au téléphone, essayant d’élaborer un plan pour m’échapper : « Essaie une autre sortie! » « Tente d’accéder à la 50e! » « Essaie la 35e! » Le lendemain, les trains, les bus et les rues restaient hors service, tandis que le nombre de protestataires a explosé pour atteindre les 20 0003. La police de Chicago (CPD) repoussait les foules des ponts et des rues, procédant à des arrestations massives. Sous mes yeux, le centre-ville s’était transformé en un champ de bataille, un environnement stratégique utilisé contre sa propre population. Je me souviens qu’en rentrant chez moi le 29 mai 2020, j’ai dit à mon ami : « On a essayé de me coincer, je me suis sentie piégée ».


  1. Evan Hill et al., « How George Floyd Was Killed in Police Custody », New York Times, 31 mai 2020, https://www.nytimes.com/2020/05/31/us/george-floyd-investigation.html.  

  2. Martha Bayne, Jason Schumer et Bea Malsky, « What Happened May 30? », South Side Weekly, 2020, https://protesttimeline.southsideweekly.com.  

  3. Bayne, Schumer et Malsky, « What Happened May 30? ». 

Dominique Robinson, un manifestant se heurte à la police lors de la manifestation en faveur de George Floyd à Chicago, 30 mai 2020 © Dominique Robinson. Shutterstock

Chicago

Avant-poste de la culture des oignons et de la fourrure, Chicago est une ville née d’un rêve. Avant son incorporation dans les années 1830, les spécialistes de la spéculation voyaient dans la rivière Chicago et ses environs le site idéal de la prochaine grande ville portuaire américaine, où les marchandises pourraient être stockées et transportées d’une côte à l’autre grâce à des infrastructures nationales1. À travers les évolutions technologiques et démographiques, Chicago a concrétisé ce rêve, devenant une ville dans laquelle les flux de circulation intraétatiques – de la rivière Chicago aux chemins de fer et à la Route 66 – ont profondément façonné l’histoire de la ville et du pays. En tant que centre d’infrastructures durables, Chicago est devenue un véritable point de convergence pour les manifestations nationales, au cours desquelles les macro- et micro-relations entre le capital, l’État et sa population ont pris une dimension tangible. Son histoire n’est pas seulement celle des trains, des avions et des automobiles, mais aussi celle du changement social, lorsque les infrastructures matérielles sont redynamisées et détournées pour devenir des lieux de protestation permettant aux populations de s’exprimer et d’agir de manière critique à l’égard de l’État. Trois grandes manifestations organisées à Chicago – la grève Pullman, la convention nationale démocrate de 1968 et les manifestations consécutives à la mort de George Floyd – établissent une continuité dans la relation entre l’activisme et l’espace urbain. Leurs conséquences montrent également comment la politique des infrastructures de nos villes peut aussi être détournée contre sa propre population. Toutefois, notre réalité actuelle expose la possibilité spéculative d’un statu quo différent, selon lequel la protestation ne serait plus l’antagoniste, mais plutôt une norme de la vie urbaine, créant ainsi une ville qui intègre la différence et la résistance : une véritable ville de la protestation.


  1. William Cronon, Nature’s Metropolis: Chicago and the Great West, New York, W. W. Norton, 1991, 23-55.  

Acme Publishing and Engraving Company, couverture de Chicago of Today: The Metropolis of the West, 1891. Chicago History Museum ICHi028485

Les chemins de fer et la grève Pullman

L’acte de protestation est protégé par le premier amendement de la Constitution américaine, qui garantit le droit de s’organiser. Néanmoins, celui-ci ne donne pas carte blanche. Au fil des ans, des limites ont été instaurées par la jurisprudence, notamment la restriction des manifestations ou des activités d’organisation lorsqu’elles représentent un danger ou un inconvénient pour d’autres personnes citoyennes, ou si elles interfèrent avec les obligations légales et constitutionnelles du gouvernement fédéral1. Pour que le gouvernement puisse restreindre les manifestations dans ces espaces, il doit démontrer que la sécurité publique est menacée ou que le « bien public » est compromis, ce que l’on appelle également « nuisance publique » : des actions ayant un impact significatif non seulement sur une population spécifique, mais aussi sur le public en général2. La tension entre le droit de manifester et son potentiel de nuisance a atteint son paroxysme lors d’une chaude journée de juin 1894, quand l’Amérique est entrée dans un silence inhabituel. Le bruit des chefs de train annonçant des départs et des porteurs manipulant les bagages s’est évanoui. À leur place, les activités urbaines, le trafic et le va-et-vient autour des chemins de fer ont été remplacés par les chants des grévistes dans le quartier construit par l’entreprise Pullman, situé dans le South Side de Chicago.

Construite en 1880 comme une communauté idyllique et avant-gardiste pour les personnes employées par la Pullman Palace Car Factory, fabricant de wagons de chemin de fer, Pullman Town est devenue un modèle national de réforme du travail et d’intersection entre entreprise et devoir civique. Cependant, pour sa population, Pullman offrait une expérience bien différente, marquée par des loyers élevés et une législation stricte. Les tensions entre les propriétaires de Pullman et les locataires atteignirent un point critique en 1894, lorsque, sous l’effet d’une grave dépression économique et face à une baisse des ventes, George Pullman décida de réduire les salaires de sa main-d’œuvre tout en augmentant les loyers, ce qui conduit 400 ouvriers de Pullman à sortir de l’usine et à entamer une grève, à la suite de l’échec des négociations. La grève Pullman, qui aurait pu rester un incident local, prit une ampleur nationale grâce à l’alliance avec l’American Railway Union (ARU), qui étendit le mouvement à 250 000 cheminots, paralysant ainsi le système ferroviaire du pays. En réponse, l’administration du président Cleveland se mobilisa rapidement pour mettre fin à la grève, priorisant ses intérêts économiques et la croissance industrielle. Toutefois, pour obtenir une injonction légale, l’administration ne pouvait se contenter d’invoquer le simple désagrément causé par l’interruption du système ferroviaire, car cela ne répondait pas, d’un point de vue juridique, aux critères définissant une nuisance publique.


  1. State Historical Society of Iowa, « Protest in America », n.d., consulté le 28 février 2024, https://history.iowa.gov/history/education/educator-resources/primary-source-sets/protest-america.  

  2. David L. Hudson, « Can You Protest on Public Property? The First Amendment Guide », n.d., consulté le 28 février 2024, https://www.freedomforum.org/protest-on-public-property/. ; Institute for Constitutional Advocacy and Protection, « Public-Nuisance Laws », n.d., consulté le 28 février 2024, https://constitutionalprotestguide.org/relevant-federal-and-state-laws/#false-assumption-statutes

Scène de la grève Pullman de 1894, avec des foules rassemblées devant Pullman et autour d’une voiture Pullman. Chicago History Museum ICHi023697

Sous la pression croissante des industriels et du président Cleveland, Richard Olney, procureur général des États-Unis et ancien avocat des compagnies ferroviaires, cherche désespérément un argument juridique pour mettre fin à la grève. Il finit par s’appuyer sur une source inattendue : le service postal des États-Unis, un droit codifié pour chaque individu citoyen américain qui dépend des trains pour l’acheminement du courrier. Olney ordonne une injonction, arguant que la grève porte atteinte aux droits de la population américaine en empêchant le gouvernement des États-Unis d’accomplir son devoir. En opposant le droit d’organisation à la protection des biens et des infrastructures au nom de l’« intérêt général », Olney s’appuie sur une interprétation juridique de la nuisance publique et sur l’interdiction légale de l’« interruption » ou de la « gêne » pour limiter la capacité des populations à se rassembler. Les conséquences d’une telle décision n’ont pas seulement réduit considérablement le pouvoir des syndicats et des protestataires, mais ont également compliqué l’habileté des individus à exercer leur pouvoir et leur voix comme outils de changement social. Ces évènements ont soulevé des questions cruciales sur le rôle futur du discours public dans la conception du bien commun, surtout lorsque celui-ci entre en conflit avec les intérêts et les exigences de l’environnement bâti.

Permis, routes et convention nationale démocrate de 1968

Cette relation entre l’intérêt général, l’infrastructure et la protestation n’est pas restée figée. De nouvelles lois et réglementations ont été instaurées pour tenter de définir ce lien complexe, et aucun mécanisme n’est sans doute plus important que le permis. Au cours du siècle dernier, le permis s’est imposé comme un intermédiaire essentiel entre les devoirs de l’État et les droits de sa population citoyenne, agissant comme le document municipal qui autorise les manifestations sous des conditions spécifiques. Bien que ces permissions soient légalement tenues d’être accordées de manière impartiale, des préjugés peuvent influencer les décisions d’octroi, en particulier à l’encontre des opinions politiques qui remettent en question les normes établies ou qui redéfinissent l’infrastructure comme outil de protestation. Dans de tels cas, le permis devient un instrument de contrôle, comme en témoigne l’une des manifestations les plus marquantes et plus explosives de l’histoire des États-Unis : The Battle of Michigan Avenue (la bataille de Michigan Avenue). Le monde entier a pu voir les images de milliers de jeunes activistes converger vers Chicago pour protester contre la convention nationale démocrate de 1968, politiquement controversée compte tenu de l’opposition à la guerre du Vietnam1. Dans les mois précédant cet évènement, le maire Richard J. Daley s’est préparé à l’arrivée des protestataires en mobilisant les 11 000 agents du département de la police de Chicago pour des roulements de douze heures, en renforçant les défenses autour du centre de convention et en décrétant un couvre-feu à 23 heures. En juillet 1968, des groupes de protestation tels que les Yippies et le National Mobilization to End the War in Vietnam (MOBE) se sont vus refuser des permis par la ville de Chicago, le tribunal ayant statué que la ville était habilitée à rejeter ces demandes si elles menaçaient le confort public. Toutefois, craignant des accusations et des poursuites pour discrimination politique en violation du premier amendement et cherchant à apaiser les tensions, les autorités municipales ont finalement accordé un permis pour une manifestation au Grant Park Band Shell le 28 août. Ce qui débute comme un rassemblement pacifique de 15 000 personnes dégénère rapidement en une confrontation entre la police et les contestataires lorsque MOBE commence à marcher vers le site de la convention. En réponse, le directeur adjoint de la police ordonne aux officiers de dégager les rues par tous les moyens nécessaires avant que les protestataires n’atteignent le hall de la convention. La « bataille de Michigan Avenue » qui s’ensuit est filmée et diffusée dans plus de quatre-vingt-dix millions de foyers, exposant des scènes de personnes manifestantes violemment battues et arrêtées devant le siège du parti démocrate2.

Les rues, considérées en tant que manifestation physique de la vie publique et du commerce urbain, deviennent un champ de bataille où s’affrontent les intérêts privés et publics, la protestation et la protection de la propriété. Plaque tournante de l’économie, du tourisme et des transports de Chicago – une réalité qui perdure encore aujourd’hui – les perturbations sur Michigan Avenue et dans le centre-ville menaçaient de se répercuter sur l’ensemble du paysage urbain. La police est intervenue dans cet espace pour « défendre » l’infrastructure de la ville contre les activités de protestation et rétablir le statu quo. À la suite de la convention démocrate, la ville de Chicago a instauré un système de surveillance à plusieurs niveaux, renforcé par de nouvelles barrières juridiques et des mesures de contrôle, afin de réguler l’utilisation des rues pour les rassemblements publics. Les nouvelles politiques réglementaires prévoyaient des mesures d’arrestation et des amendes pour « mise en danger de la vie d’autrui », ainsi que l’obligation d’obtenir des permis de manifester, qui autorisaient l’intervention de la police en cas de non-respect des arrêtés municipaux visant à protéger l’environnement bâti.


  1. « Le monde entier nous regarde » était un slogan scandé par les protestataires lors de la convention démocrate de 1968. 

  2. Dean Blobaum, « Chicago ‘68: A Chronology », 27 janvier 2024, http://www.chicago68.com/c68chron.html.  

Des manifestants défilent sur Dearborn Street et State Street lors de la convention nationale démocrate de 1968, Chicago, Illinois. 26 August 1968. Collection du Chicago Sun-Times, Chicago History Museum ST-17100070-0002 © Chicago Sun-Times Media, Inc. Tous droits réservés

C’est là le revers de l’héritage de la convention nationale démocrate de 1968 : des mécanismes juridiques tels que les permis et les plaintes pour nuisance ont été mobilisées dans le but de contrôler et de réprimer la dissidence. Dans ce contexte, les permis ont servi à exercer un contrôle restrictif plutôt qu’à faciliter le dialogue, donnant naissance à une sphère publique, comme l’affirme la philosophe Nancy Fraser, dans laquelle des entités puissantes façonnent le bien public selon des intérêts privés, perpétuant ainsi les inégalités1. Fraser propose plutôt une réorientation vers une sphère publique pluraliste, libérée des contraintes hiérarchiques, qui garantirait un usage équitable de l’infrastructure et remettrait en question les intérêts privés. Cette vision transformatrice exige de passer d’une apparence de paix, fondée sur la conformité, à une véritable acceptation des divers points de vue et des actions qui confrontent les politiques de l’État à travers un engagement actif dans l’environnement bâti.


  1. Nancy Fraser, « Rethinking the Public Sphere: A Contribution to the Critique of Actually Existing Democracy », Social Text, no. 25/26 (1990), 56-80. 

Les ponts et les manifestations consécutives à la mort de George Floyd

En vertu de la loi et du sentiment, l’infrastructure peut être un espace public, une forme publique et un lieu de mouvement collectif. Elle crée un espace dans lequel la citoyenneté et la négociation des droits se manifestent par une intervention physique, en contraste avec l’intangibilité de l’État. Lors des manifestations qui ont suivi la mort de George Floyd en 2020, les personnes manifestantes ont occupé les espaces publics, les ponts et les rues, pour dénoncer cet assassinat. Après plusieurs heures de marche dans les rues du centre-ville de Chicago, j’ai vu la manifestation basculer dans la violence. La police a intensifié ses tactiques, engageant des confrontations physiques. Sous mes yeux, des personnes ont été battues à coups de matraque, frappées avec des boucliers puis emmenées de force dans des voitures de police. Pendant ce temps, le chaos s’est répandu, des vitrines ont été brisées et les pillages ont commencé. Alors que les manifestations se poursuivaient le long de Michigan Avenue et que toutes les vitrines, ou presque, étaient endommagées, de nombreuses personnes à travers la ville se sont interrogées s’il n’y avait pas une autre manière de procéder. D’une part, certaines considéraient les pillages comme inévitables, estimant que l’attention qu’ils suscitaient détournait l’objectif initial de la manifestation, d’autant plus que les enseignes visées appartenaient principalement à de grandes entreprises. D’autre part, une partie de la population voyait dans ces destructions une forme de pouvoir. Selon le journaliste H.R. Lossin, « … [les destructions] sont coercitives. Elles représentent une véritable menace pour l’ordre et une menace tout à fait réelle pour le capital. En d’autres termes, la capacité de causer des dommages réels est une source de pouvoir »1.

Beaucoup considéraient en revanche que les pillages étaient l’œuvre de contestataires qui avaient « dépassé les bornes ».


  1. R.H Lossin, « In Defense of Destroying Property », The Nation, 10 juin 2020, https://www.thenation.com/article/activism/blm-looting-protest-vandalism/. 

Dominique Robinson, une vitrine détruite lors de la manifestation pour George Floyd, Chicago, 30 mai 2020 © Dominique Robinson. Shutterstock

En réponse, le maire Lori Lightfoot et le CPD ont mis en place des mesures strictes pour contrôler les mouvements des protestataires, notamment la fermeture des rues et des autoroutes menant au centre-ville, le déploiement de la garde nationale et la levée des ponts. Les quelque trente ponts de Chicago, symboles emblématiques de l’architecture de la ville, jouent un rôle essentiel dans l’interconnexion du paysage urbain, facilitant la circulation des personnes et des marchandises sur la rivière Chicago. Cette manipulation stratégique des ponts et de leur disposition spatiale a été utilisée pour isoler les protestataires et restreindre leurs déplacements dans le centre-ville, rendant les arrestations plus faciles et le contrôle des foules plus efficaces. Les personnes manifestantes, passant du statut d’activistes politiques à celui de corps soumis à l’autorité, ont été fragmentées en petits groupes, brisant ainsi leur force unifiée par la tactique du « diviser pour mieux régner ». À la fin de la journée, 204 individus ont été arrêtés, une personne a été tuée par balle par la police, six autres ont été blessées et de nombreuses autres ont subi des violences, laissant beaucoup de Chicagoans aux prises avec une tension persistante entre le maintien de l’ordre et la défense d’un engagement civique inclusif.

Les ponts de Chicago sont levés lors de la manifestation pour George Floyd, 30 mai 2020 © Motion Loop. Shutterstock

Ces trois manifestations illustrent que pour encourager la pluralité, il est nécessaire de rejeter l’homogénéité des espaces publics et d’embrasser le potentiel de changement et de perturbation, malgré les conséquences que cela peut entraîner. Le risque de destruction est inévitable, mais il ouvre également la voie à de nouvelles possibilités. Ce jour-là, alors que je me trouvais dans le centre-ville de Chicago, j’ai ressenti à la fois le danger et le potentiel d’émergence d’un nouveau monde, un monde capable de transcender toutes les restrictions imposées. Les législations qui régissent nos existences quotidiennes ont besoin d’une réorganisation radicale, qui reconnaisse la ville comme une arène de protestation et de contestation, prête à prendre le risque de démanteler les normes établies pour amplifier les voix marginalisées. Il faut permettre à la population de se rassembler dans les rues, les trains ou sur les ponts pour paralyser la ville et exiger un nouvel ordre. En repensant les politiques publiques et les lois dans la perspective d’une ville de protestation, il est possible de promouvoir une nouvelle éthique urbaine qui remet en question la vision conventionnelle des villes, souvent perçues comme de simples entités fonctionnelles conçues pour l’efficience et la croissance économique. Nous pouvons réimaginer les espaces urbains comme des arènes dynamiques où la population participe activement à la construction de son avenir collectif, reconnaissant que la diversité des points de vue et les voix dissidentes sont essentielles à une société vibrante et inclusive. En adoptant cette approche, nous avons le pouvoir de transformer nos villes en espaces où le changement et la perturbation ne sont pas redoutés mais accueillis – un nouveau monde qui s’accommode à la fois de l’unité et de la discorde, ouvrant ainsi la voie à l’inclusion et à la justice pour l’ensemble de la population.

Cet article a été traduit de l’anglais par Gauthier Lesturgie.

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